Alors qu’à fin mai plus de 6 millions de cas de COVID-19 ont été confimés, ce qui suggère des dizaines de millions de cas d’infection à SARS-CoV-2 dans le monde, le développement d'un vaccin anti-COVID-19 sûr et efficace est la priorité mondiale en santé publique. Ces deux experts de l’Université de Toronto reviennent sur le récent essai de phase I de cette équipe chinoise qui conclut à l'innocuité, la tolérabilité et l'immunogénicité d'un vaccin recombinant à adénovirus. S’ils concluent que le candidat vaccin est bien dans les starting blocks, que d'autres candidats avancent également dans les essais, les chercheurs soulignent que certains facteurs de l'hôte ainsi que le changement antigénique au fil du temps pourraient bien affecter la réponse vaccinale.
Rappelons que le vaccin prometteur, testé à Wuhan, à vecteur Ad5, utilise un virus du rhume (adénovirus) affaibli donc incapable de provoquer une maladie qui apporte aux cellules du matériel génétique codant pour la protéine de pointe SARS-CoV-2. Le système immunitaire crée alors des anticorps qui seront capables de reconnaître cette protéine de pointe en cas d’infection à coronavirus. L’essai montre que ce candidat vaccin, testé à plusieurs doses chez 108 participants, a été bien toléré et que dans les 2 semaines suivant la vaccination, tous les niveaux de dose du vaccin ont déclenché une réponse immunitaire sous forme d'anticorps de liaison et d’anticorps neutralisants ; à 28 jours, la majorité des participants présentent soit une réponse positive aux lymphocytes T, soit des anticorps neutralisants détectables contre le SRAS-CoV-2.
Des réponses immunitaires dose et âge-dépendantes
Si, pour le candidat chinois, les réponses en anticorps, dose-dépendantes, ont atteint un pic à 28 jours, les experts relèvent que cet essai montre également que des niveaux élevés d'anticorps neutralisants Ad5 préexistants (ce qui semble le cas chez près de 50% des participants de l’essai de phase I) peuvent compromettre cette séroconversion et atténuent les pics de réponse des lymphocytes T. Plus généralement, les participants plus âgés (45–60 ans) présentent des réponses humorales significativement plus faibles au candidat vaccin.
2 questions clés subsistent, écrivent les experts canadiens : la réponse se maintient-elle dans le temps et est-elle de nature à apporter la protection clinique nécessaire après exposition à une souche circulante de SRAS-CoV-2 ? Les données obtenues chez les modèles primates suggèrent que des anticorps neutralisants mesurables et des réponses spécifiques des lymphocytes T pourraient être associés à une protection contre la réinfection. Cependant, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour évaluer la capacité du vaccin à induire une immunité et la durée de la protection.
Plusieurs candidats sur les starting blocks : un essai de phase 2 de ce vaccin expérimental (dose moyenne ou faible) a déjà commencé en Chine (NCT04341389) et le Canada a approuvé un essai humain de phase précoce (NCT04398147). D'autres vaccins candidats sont en développement rapide. Ces candidats sont principalement basés sur la glycoprotéine de pointe ou son domaine de liaison aux récepteurs en raison d'un meilleur potentiel immunogène et protecteur.
Plusieurs de ces candidats entament leurs essais cliniques de phase 1 ou sont même en attente de résultats.
Surveiller les personnes âgées : il s’agira cependant, précisent les auteurs, de bien définir leurs groupes cibles avec leurs paramètres cliniques, la durée optimale de surveillance et d'anticiper (comme pour la grippe) le changement antigénique au fil du temps.
Une surveillance plus rigoureuse devra porter sur le groupe d'âge plus avancé, plus à risque de forme sévère de la maladie grave mais, comme vu plus haut, probablement à moindre immunogénicité.
Source: The Lancet May 28, 2020 DOI: 10.1016/S0140-6736(20)31239-3 The starting line for COVID-19 vaccine development
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