Cette étude préclinique menée sur des macaques rhésus par une équipe de l'Oregon Health & Science University (OHSU) décrypte et rappelle les dangers de la consommation d'alcool durant la grossesse en particulier au tout début de la grossesse, avant même que la femme ne se rende compte qu'elle est enceinte. A l’aide de l'imagerie, ces scientifiques parviennent à détecter les signes du syndrome d'alcoolisation fœtale, in utero. Des travaux, présentés dans les Actes de l’Académie des Sciences américaine (PNAS) qui suggèrent de traiter ce syndrome le plus précocement possible, au moment où la plasticité cérébrale est encore optimale.
Ici, l'imagerie par résonance magnétique permet d’identifier, chez les animaux, des altérations de la croissance cérébrale au cours du troisième trimestre de la grossesse, même si le fœtus a été exposé à l'alcool au cours du premier trimestre de grossesse. « Plus la détection est précoce, mieux c'est », explique en substance l’auteur principal, le Dr Chris Kroenke, professeur de neurosciences à l’OHSU. « Pouvoir prévoir les risques de déficiences spécifiques chez le bébé liés à la consommation d'alcool de la mère durant la grossesse, permet de commencer la thérapie peu après la naissance du bébé, lorsque le cerveau a la plus grande plasticité ».
Traiter au faîte de la plasticité
Une femme sur 10 consomme de l’alcool durant sa grossesse. L'alcool agit sur l'embryon et le fœtus, sur son système nerveux et son cerveau, entrainant un « SAF » ou syndrome d’alcoolisation fœtale, avec des risques sévères pour l'enfant à naître. En passant du sang maternel vers le sang du fœtus, au travers du placenta, l'alcool entraîne un risque d'atteinte des fonctions cérébrales et/ou de malformations irréversibles très élevé. Ainsi, le SAF se caractérise par des troubles mentaux, comportementaux et d'apprentissage, ainsi que des handicaps physiques. En particulier, il peut conduire à un risque accru de trouble du déficit de l'attention avec hyperactivité (TDAH), de dépression, d'anxiété et de troubles de l’impulsivité. Cette recherche met pour la première fois en évidence les dangers de la consommation d'alcool au tout début de la grossesse.
Un effet identifiable au 3è trimestre de grossesse : cette étude exploite les progrès récents de l’imagerie par résonance magnétique pour examiner le cerveau fœtal in utero. Les chercheurs valident la sensibilité de ce diagnostic clinique pour détecter l'impact de la consommation excessive d'alcool [4-6 verres] au début de la grossesse (oi gestation), ici chez 28 macaques enceintes. Ils mesurent via IRM le développement du cerveau à 3 stades de la grossesse. Dans cette expérience, 50% des macaques consommaient quotidiennement l'équivalent chez l’Homme de 6 boissons alcoolisées par jour vs groupe témoin sans consommation d’alcool. L'imagerie révèle une différence dans le développement du cerveau fœtal au 135e jour d'un terme gestationnel de 168 jours, soit au début du troisième trimestre. L'imagerie ne révèle aucune différence chez le groupe témoin-bien sûr.
Des différences de développement impliquant des différences fonctionnelles : c’est le constat de ces scientifiques qui suggèrent que les différences sont significatives sur le plan fonctionnel. Les chercheurs affirment que les images générées au cours de l'étude sont de qualité suffisamment élevée pour être utilisées comme base de comparaison pour d'autres scientifiques travaillant dans le domaine.
Ces images ont déjà donné lieu à un atlas du cerveau représentatif du SAF notamment et accessible à la communauté des chercheurs.
Source: PNAS April 20, 2020 DOI : 10.1073/pnas.1919048117 In utero MRI identifies consequences of early-gestation alcohol drinking on fetal brain development in rhesus macaques
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