Quelles mesures de contrôle à mettre en œuvre contre COVID-19 dans les cabinets, les cliniques et les centres d'ophtalmologie ? Ces chercheurs du Centre d’ophtalmologie de Singapour apportent, dans le JAMA Ophtalmology, leur expertise aux spécialistes qui doivent continuer à recevoir des patients pour des traitements urgents
Si les modes de transmission du nouveau coronavirus SARS-CoV-2 font toujours l'objet de recherches, des rapports « anecdotiques » de transmission oculaire ont été signalés. Précédemment, l’ARN du SRAS-CoV avait été identifié en 2003, dans les larmes. Concernant le SARS-CoV-2, on ignore encore s’il est transmissible via les larmes. Cependant étant donné la similitude génétique des 2 coronavirus, et de la similarité de leurs mécanismes d’infection, l'excrétion oculaire du nouveau coronavirus est une éventualité qui doit être reconnue et prévenue par les praticiens ophtalmologistes.
L'excrétion oculaire du nouveau coronavirus est une éventualité qui doit être prévenue
Le Département d'ophtalmologie du National University Hospital, un grand centre d'ophtalmologie de Singapour nous apporte ici un exemple de mesures de contrôle des infections mises en œuvre dans le cadre de la prévention des infections à COVID-19. Une expertise qui pourra être utile alors que d'autres cliniques d'ophtalmologie commencent à expérimenter et à planifier leur réponse. Ensuite, cet article veut favoriser la prise de conscience par les ophtalmologistes du risque pour leurs patients au cours de cette période unique.
« Stratifier » les patients en clinique : pendant les épidémies, il est crucial de trouver un juste équilibre entre la lutte contre l’infection et la nécessite de poursuivre certains soins en ophtalmologie. COVID-19 peut mettre la vie des patients et des soignants danger. En revanche, la plupart des affections oculaires ne mettent pas la vie en danger Par conséquent, l'identification des patients à risque d'infection et l’appréciation du rapport bénéfice-risque du traitement est cruciale.
Organisation et déroulement de la consultation :
- pour les patients qui ne répondent à aucun facteur de risque d’infection, la consultation en ophtalmologie se déroule comme d'habitude, le médecin étant équipe d'un EPI complet (blouse, masque, gant, lunettes protectrices).
- les patients qui présentent ne serait-ce qu’1 critère de risque d’infection (symptômes de COVID-19, voyage, contact, proche infecté…) sont sélectionnés en fonction de l'urgence de leur consultation : cette urgence est évaluée par téléphone, préalablement à toute consultation ;
- les patients qui répondent à 2 critères ou plus sont placés dans une salle d'isolement où l'équipe les examine avec un équipement de protection individuelle complet (EPI) dont une blouse, un masque, un écran facial et des gants. L'état oculaire et le risque de COVID-19 sont évalués. Si des signes de pneumonie sont constatés, le patient est orienté soit vers le médecin généraliste, soit vers les Urgences pour une évaluation plus approfondie.
- les patients jugés stables et qui observent une surveillance de routine voient leurs consultations reportées ;
- les patients atteints de problèmes oculaires urgents et nécessitant une consultation sont reçus en « salle d'isolement » par le médecin protégé par une blouse, un masque chirurgical, des protections oculaires et des gants. Un patient avec de la fièvre sera équipé d’un masque (« N95 »).
Ainsi, grâce à ce système de « triage » des patients en différentes salles d’isolement en fonction des critères et des signes possibles d’infection à COVID-19 de chaque patient, ainsi que l’adoption d’un EPI complet par les membres de l’équipe ophtalmologiste, permet de prodiguer les soins aux patients souffrant de problèmes oculaires urgents.
Source: JAMA Ophtalmology March 31, 2020 doi:10.1001/jamaophthalmol.2020.1288 Perspectives on Coronavirus Disease 2019 Control Measures for Ophthalmology Clinics Based on a Singapore Center Experience
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