Cet article documenté d’un expert de l’Université de Genève aborde l'hypothèse alarmante d’une épidémie qui n’en serait qu’à ses tout débuts. « La Chine n'a-t-elle fait face qu'à une vague annonciatrice du SRAS-CoV-2 ? », s’interroge l’auteur, directeur de l’Institut de santé publique de l’Unige, qui compare l’épidémie actuelle à la première vague d’un tsunami. En effet, si l’épidémie COVID-19 poursuit sa propagation dans le monde, elle semble marquer une pause en Chine et la proportion de la population touchée reste bien loin des 50% estimés par les différentes modélisations, à partir du nombre de reproduction de base, R0. « La grande vague serait-elle donc encore à venir ? »
Au 4 mars 2020, selon le GISAID, le nombre de cas confirmés s’élève à près de 93.500, dont un peu plus de 80.000 en Chine ou l’incidence semble se stabiliser, et près de 3.200 décès ont été recensés.
Les études sérologiques détiennent sans doute la réponse
Une grande incertitude subsiste : Le taux d’attaque qui caractérise la morbidité de l’épidémie aurait dû se situer entre 50 et 60% -soit 50 à 60 % de la population infectée- selon les modèles mathématiques et si l’on se base sur le nombre de reproduction de base, R0, estimé ici entre 2 et 3 et sur une population à 100% « naïve ».
- Le taux d'attaque observé à bord du navire de croisière Diamond Princess est resté légèrement inférieur à 20% (705 des 3711 passagers et membres d'équipage ont été infectés), relève l’auteur ;
- De même l'épidémie de SRAS-CoV-2 en Chine s'apaise, et le nombre de cas confirmés reste loin des 50%, voire des 20% des 1,4 milliard d'habitants.
Alors quel est aujourd’hui le taux d’attaque réel du virus ? Et quid du nombre de cas asymptomatiques ?
Quel est le taux d’attaque réel en population générale ? Une enquête sérologique menée à partir de prélèvements sanguins de l'échantillon le plus représentatif de la population à l'épicentre de l'épidémie à Wuhan pourrait permettre d'estimer le taux d'infection au SRAS-CoV-2 avec une bonne précision. Ce taux pourrait être extrapolé à l'ensemble de la population de la ville et indiquer ainsi plus précisément si le taux d'attaque provisoire de cette période était de quelques cas pour mille ou % voire 20% ou plus de la population. Et ce type d’enquêtes sérologiques devraient être répété à plusieurs reprises.
L’auteur appelle ainsi à mener rapidement ces enquêtes sérologiques. « Les résultats seraient extrêmement instructifs pour la Chine avant tout, et pour l'ensemble de la communauté internationale, sur le risque de vagues épidémiques secondaires ».
Source: The Lancet March 04, 2020 DOI : 10.1016/S0140-6736(20)30521-3 Has China faced only a herald wave of SARS-CoV-2 ?
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