De précédentes études ont évoqué l’hypothèse de cas asymptomatiques, d’autres celle d’un ratio élevé entre cas confirmés et suspectés et réalité. Ce nouvel article de perspective, basé sur de récentes données d’études et publié dans la revue Nature, confirme la possibilité de cas non déclarés et creuse l’hypothèse d’une propagation du virus parmi les populations africaines. Si le continent n'a pas encore signalé de cas et n'est pas aussi exposé que certains pays d'Asie du Sud-Est, un grand nombre de travailleurs chinois travaillent en Afrique, et leur déplacement de la Chine vers l'Afrique est une voie de transmission possible.
Les dernières données du GISAID annoncent au 13 février 2020, plus de 60.300 cas confirmés et 1370 décès, ce qui représente un « bond » de la propagation en 24 heures, en regard des chiffres de l’OMS de la veille soit environ 45.000 cas confirmés et 1.100 décès. L’infection au nouveau coronavirus est aujourd’hui détectée dans 24 pays en dehors de la Chine. Cependant, plusieurs études de modélisation ont déjà suggéré que des cas pourraient ne pas être détectés dans certains pays qui signalent moins de cas que la réalité, voire aucun.
Si aucun cas n'a été signalé en Afrique, certains pays sont particulièrement exposés en raison de leurs liens commerciaux étroits avec la Chine.
La question de la sous-déclaration est particulièrement préoccupante dans les pays où les systèmes de santé sont moins structurés, comme en Asie du Sud-Est et en Afrique, qui pourraient être d’ailleurs plus rapidement submergés par l’épidémie. Ainsi, l’étude de modélisation menée à l’Université de Southampton aboutit sur la base des vols et des flux de voyageurs en provenance de Wuhan, à une liste de 18 villes de Chine continentale et de 30 grandes villes internationales particulièrement menacées sur la prochaine période de 3 mois. Bref, de nombreux pays – dont la Malaisie, le Vietnam, le Cambodge et l'Australie- signalent à ce jour, un nombre très inférieur de cas aux prévisions de la modélisation.
Se pose alors la question des cas asymptomatiques ou guéris sans déclaration. « Ce qui est inquiétant, c'est la possibilité que des cas ne soient pas détectés et que le virus se propage sous le radar », explique l'épidémiologiste Andrew Tatem, co-auteur de l'étude de l'Université de Southampton.
L’Afrique à risque ? De nombreux pays d'Asie du Sud-Est et d’Afrique ont un nombre limité de personnels de santé, de lits d'hôpitaux, de personnel de soutien, de dispositifs de ventilation et d'autres équipements, et auront du mal à répondre à une augmentation des cas. Les experts en maladies infectieuses s'inquiètent également de la propagation du virus parmi les populations africaines. Un précédent modèle centré sur le risque de propagation du SRAS-CoV en Afrique avait révélé que l'Égypte, l'Algérie et l'Afrique du Sud sont les pays africains les plus à risque. Selon les mêmes experts 7 pays africains ont un risque plus modéré d'importer le virus, mais souffrent d’une grande faiblesse de leurs systèmes santé et apparaissent, en raison de différents facteurs, particulièrement vulnérables (Le Nigéria, l'Éthiopie, le Soudan, l'Angola, la Tanzanie, le Ghana et le Kenya). Or il se trouve, à l'exception du Soudan, que ces pays sont au nombre des 14 pays africains que l'OMS identifie comme étant à risque accru d'importer le virus en raison de vols directs venant de Chine. Ces pays doivent donc se préparer à répondre à l’épidémie.
Sources:
Nature 13 February 2020 doi: 10.1038/d41586-020-00405-w Scientists fear coronavirus spread in countries least able to contain it
GISAID Global cases of BetaCoV
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