Une dose unique d'anticorps pourrait permettre d'éliminer le VIH chez les nouveau-nés, suggère cette étude de l’Oregon Health & Science University, menée chez des bébés singes. Avec une contrainte cependant, l’administration du traitement doit suivre « au plus près » l’exposition au virus. Des travaux présentés dans la revue Nature Communications qui laissent espérer, à terme, une prévention de la transmission mère-enfant (PTME) simplifiée.
Car aujourd’hui, les bébés humains nés de mères séropositives reçoivent généralement et quotidiennement un cocktail personnalisé de médicaments et cela pendant environ 6 semaines avant de passer un nouveau test. Et si ce nouveau test est positif, ces enfants devront alors probablement suivre un traitement antirétroviral (TARV) pour le reste de leur vie. Cette étude laisse espérer – sur des nouveau-nés primates – un traitement antirétroviral très raccourci, à 3 semaines, dans le cas où l’administration est effectuée 48 heures après l'exposition.
Une 1ère dose d'un traitement à base d'anticorps peut empêcher la transmission mère-enfant
La rapidité de l’administration de cette dose unique est la clé du succès du traitement.
- Ici, lorsque les nouveau-nés macaques reçoivent une combinaison de deux anticorps 30 heures après l’exposition au virus, ils ne développent pas la version « singe » du VIH (SHIV),
- Si l’administration du traitement « attend » jusqu'à 48 heures,
- avec 4 doses plus petites du même cocktail d'anticorps, la moitié des bébés macaques vont développer l’infection à SHIV ;
- les bébés macaques qui reçoivent déjà le traitement préventif standard TARV contre le VIH restent sans charge SHIV lorsqu'ils suivent en plus un schéma thérapeutique de 3 semaines du nouveau traitement à base d’anticorps, initié 48 heures après l'exposition ;
Moins de traitement pour « battre » le VIH : les résultats prometteurs de ce traitement à base d’anticorps laissent augurer qu’il sera bientôt possible pour les bébés nés de mères séropositives de battre de vitesse le VIH avec moins de traitement, explique le Dr Nancy Haigwood, professeur de pathobiologie et d'immunologie à l'Oregon Health & Science University School of Medicine (OHSU). C'est la première fois qu'une dose unique d'anticorps neutralisants à large spectre administrée rapidement après une exposition virale est documentée -ici chez des nouveau-nés primates non humains- comme capable de prévenir l'infection à VIH/SHIV.
Une thérapie plus courte, moins toxique pour le bébé et à l’efficacité durable : globalement, l’étude suggère qu'un traitement antirétroviral beaucoup plus court administré après juste une exposition au virus pourrait empêcher la transmission du VIH aux nouveau-nés. On sait que les femmes séropositives prennent généralement des médicaments de thérapie antirétrovirale pendant la grossesse pour leur propre santé, ainsi que pour éviter de transmettre le virus à leur enfant en développement. Mais la transmission mère-enfant se produit parfois encore. Le traitement par anticorps pourrait donc venir compléter la PTME, sans risque de toxicité et avec un effet durable.
A l’issue de ces résultats prometteurs, l’équipe de recherche prévoit de voir si d’autres anticorps, ou une combinaison d'anticorps et de thérapie antirétrovirale, pourraient être encore plus efficaces. Ils veulent également déterminer si les anticorps qu'ils évaluent éliminent réellement le VIH ou l'empêchent seulement de se répliquer.
Source: Nature Communications 7 January 2020 Single-dose bNAb cocktail or abbreviated ART post-exposure regimens achieve tight SHIV control without adaptive immunity
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