Pouvoir détecter certaines mutations dans le sperme du père pourrait permettre de prévoir un risque d'autisme chez ses futurs enfants, suggère cette équipe de l’Université de Californie – San Diego. On sait en effet que les mutations spontanées dans le sperme paternel sont liées au trouble du spectre autistique (TSA). Ces chercheurs qui publient dans la revue Nature Medicine, ont donc mis au point un moyen de quantifier ces mutations et d'évaluer à partir de là, le risque de TSA, voire d'autres troubles ou maladies.
Les différents facteurs de troubles du spectre autistique, génétiques et/ou environnementaux ne sont pas entièrement connus et compris. On sait néanmoins que dans certains cas, le trouble est lié à des mutations de novo qui n'apparaissent que chez l'enfant et ne sont pas héritées de l'ADN des parents. « Alors que l’autisme touche 1 enfant sur 59 et qu'une partie importante de l’incidence est associée à des mutations de l'ADN de novo, on ignore toujours quand et où ces mutations se produisent », explique le Dr Jonathan Sebat, professeur au Beyster Center for Molecular Genomics de l'UC San Diego School of Medicine. Cette étude permet de retracer certaines de ces mutations jusqu'au père, et d’espérer pouvoir évaluer le risque que ces mêmes mutations se reproduisent chez ses futurs enfants. L’équipe internationale décrit ainsi une méthode pour mesurer les mutations pathogènes trouvées uniquement dans le sperme du père- ce qui permet ensuite d’évaluer le risque de TSA chez ses futurs enfants.
Le sperme est une source importante de mutations de novo impliquées dans les TSA
Le poids des mutations de novo : ces mutations de novo qui endommagent les gènes sont impliquées dans au moins 10 à 30% des cas de TSA, le nombre de mutations augmentant avec l'âge du père au moment de la conception. Les mutations de novo se produisent spontanément dans le sperme (voir illustration) ou dans les ovules ou pendant la fécondation. La mutation est alors présente dans chaque cellule lors de la division de l'œuf fécondé. Les études indiquent désormais que le sperme masculin est une source particulièrement importante de ces mutations, avec une probabilité de récurrence de la mutation au sein de la même famille généralement estimée à 1 à 3%.
Ces estimations sont basées sur des fréquences observées en population générale, explique le co-auteur, le Dr Joseph Gleeson, professeur de Neuroscience à l’UC San Diego : « Lorsqu'une mutation causant une maladie se produit pour la première fois dans une famille, la probabilité qu'elle puisse se reproduire dans la future progéniture n'est pas connue. Les familles doivent donc prendre une décision avec beaucoup d'incertitude ».
L’analyse du sperme de pères d’enfants autistes : ici, les chercheurs analysent le sperme de 8 pères d'enfants atteints de TSA, à la recherche de différences génétiques entre les cellules d'un même participant (mosaïcisme : voir illustration). Par séquençage profond du génome entier, ils identifient dans la progéniture des variantes qui ne correspondent qu'au sperme des pères. Les chercheurs déterminent aussi que des mutations responsables de maladies ou de troubles -comme le TSA- sont présentes dans jusqu'à 15% des spermatozoïdes des pères.
Ces données suggèrent l'opportunité d'un test clinique portant sur l’analyse du sperme de père et permettant d’estimer le risque de TSA chez ses futurs enfants. Le test serait également possible également chez de futurs pères -qui n'ont pas encore eu d'enfants, mais qui veulent, pour des raisons familiales, connaître le risque d'avoir un enfant atteint.
Source: Nature Medicine December 23, 2019 Autism risk in offspring can be assessed through quantification of male sperm mosaicism (Visuel UC San Diego Health Sciences)
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