Les études montrent déjà l’impact de la croissance démographique et de l'augmentation des revenus sur l’augmentation de la demande mondiale de nourriture. Cette équipe de l'Université de Göttingen ajoute un facteur non négligeable à cette projection : l’augmentation de notre taille corporelle (taille et IMC) qui pourrait, elle-aussi, influer considérablement sur nos besoins en calories. Ces chercheurs développent, dans la revue PLoS ONE, 4 scenarii qui tous concluent à l’urgence de politiques qui améliorent l'accès à la nourriture dans les régions actuellement économiquement faibles.
La quantité de nourriture nécessaire pour nourrir la population mondiale à l'avenir mais aussi nos modes alimentaires sont d'une importance vitale. À ce jour, les scientifiques n'ont examiné cette question que sous l'angle de la quantité de nourriture disponible et que les gens peuvent se permettre d'acheter ou de ce qui peut être produit de manière durable. L’équipe de Göttingen a pris en compte l’évolution de l’indice de masse corporelle (IMC) et de la taille, 2 mesures physiques qui entraînent une augmentation marquée des besoins mondiaux en calories. C’est ainsi un nouveau facteur qui vient s’ajouter à l’équation périlleuse de la sécurité alimentaire, l'effet possible de l'augmentation du poids humain, causée par l'augmentation de l'IMC et de la taille, un phénomène en grande partie lié lui-même à la nutrition. Les chercheurs développent plusieurs scénarii pour montrer l'impact de cette augmentation de la taille humaine sur la demande alimentaire mondiale.
D’ici 80 ans, la demande mondiale de nourriture pourrait augmenter de 80%
- Dans un monde où le poids de chaque groupe d'âge-sexe resterait stable, les chercheurs prévoient une augmentation des besoins en calories de 61% entre 2010 et 2100 ;
- l'augmentation de l'IMC et de la taille pourrait ajouter 19% d’augmentation des besoins en calories sur cette même période ;
- cette seule augmentation supplémentaire représente plus que les besoins caloriques combinés de l'Inde et du Nigéria en 2010.
Des disparités mondiales toujours plus marquées : ces augmentations toucheraient particulièrement les pays d'Afrique subsaharienne, qui sont déjà confrontés à une augmentation massive des besoins caloriques en raison de leur forte croissance démographique : ces disparités d’accès à la nourriture déjà bien documentées appellent des réponses politiques en urgence, soulignent les chercheurs.
Réduire la consommation des aliments à forte densité énergétique -qui favorisent le surpoids et l'obésité permettrait aussi de réduire l'augmentation des calories nécessaires. En effet, il est connu que la malnutrition ne diminue pas mais favorise l'augmentation des niveaux d'IMC. Ici, nous pouvons rappeler la notion de « gaspillage alimentaire métabolique » ou un « excès de poids corporel correspondant à environ 140 milliards de tonnes de déchets alimentaires dans le monde », soit un « gaspillage » 100 fois plus élevé que le gaspillage alimentaire direct annuel.
Modifier nos habitudes de consommation : dans le cas où la production alimentaire et la consommation mondiales ne répondraient pas à ce besoin accru, les chercheurs craignent que la situation ne puisse pas être « contrôlée » par une diminution (bienvenue) correspondante de l'IMC. Ils craignent en effet que les personnes plus riches maintiennent leurs habitudes alimentaires, les plus pauvres souffrant de plus en plus de la hausse des prix liée à une demande accrue. Du coup, la consommation d'aliments bon marché, souvent riches en calories mais pauvres en nutriments augmenterait encore, favorisant encore cette hausse du poids corporel, de la malnutrition
mais aussi l'épidémie d’obésité et ses comorbidités.
Source: PLoS ONE December 4, 2019 DOI : 10.1371/journal.pone.0223188 The effect of bigger human bodies on the future global calorie requirements
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