Cette équipe de l’Institut Pasteur, en collaboration avec des équipes américaines, révèle qu’un déséquilibre du microbiote intestinal favorise le développement du cancer colorectal et que ce déséquilibre a sa signature épigénétique spécifique. Ces travaux publiés dans les Actes de l’Académie des Sciences américaine (PNAS) identifient donc des marqueurs géniques et des modifications épigénétiques, qui, ensemble, pourraient permettre de détecter le risque de tumeur du côlon, à l'aide d'un simple test sanguin.
Le cancer colorectal se développe insidieusement, parfois sur une dizaine d’années. Ses facteurs de risques sont peu spécifiques et les facteurs environnementaux divers et multiples. L'incidence -en hausse- de ce cancer est ainsi liée à la fois à des facteurs génétiques et à des modifications épigéniques associées à des facteurs de mode de vie. En France, son incidence atteint plus de 44.000 nouveaux cas chaque année. Aujourd’hui son dépistage, organisé, et proposé gratuitement aux personnes âgées de 50 à 74 ans, est effectué par test immunologique d’un échantillon de selles. En cas de test positif, une coloscopie est nécessaire pour confirmer le test et détecter l'anomalie responsable du saignement. Enfin, une détection à stade précoce, permet une guérison dans 90% des cas. C'est ce que promet ce nouveau test sanguin.
La perspective d’un test sanguin de détection précoce du cancer colorectal
Ces équipes françaises, réunies sous le label Oncomix depuis avril 2016, montrent en collaboration avec des oncologues de la Mayo Clinic que la transplantation de microbiote fécal de patients atteints d'un cancer colique chez la souris, induit des modifications épigénétiques bien précises. Cette signature épigénétique permet, dans un second temps, de concevoir un test sanguin capable d'identifier cette forme de dysbiose intestinale et donc de détecter le risque de cancer.
L’étude chez la souris : l’étude, menée sur 136 souris ayant reçu une greffe de selles soit de 9 patients atteints de cancer colorectal sporadique, soit de 9 patients sans anomalie colique montre que les souris ayant reçu des selles de patients atteints développent des lésions précancéreuses, dites « cryptes aberrantes » (CA) sans modification génétique significative, mais avec un plus grand nombre de gènes hyperméthylés, associés à la dysbiose fécale. Les chercheurs en déduisent, par tests statistiques, une signature spécifique, épigénique.
Un test diagnostic prometteur chez l’Homme : cette signature est ensuite retrouvée et confirmée chez les patients atteints d'un cancer colorectal sporadique et ayant participé à la transplantation fécale. Les chercheurs ont donc pu mettre au point sur la base de cette signature, un test sanguin simple et reproductible permettant de diagnostiquer les tumeurs colorectales au stade précoce chez des patients asymptomatiques. Le test est ici validé, dans un premier temps, chez 1.000 participants asymptomatiques qui devaient bénéficier d'une coloscopie.
Ces travaux confirment ainsi la signature précoce, « dans » le microbiote, du cancer colorectal. Ces marqueurs géniques et épigénétiques sont confirmés comme des marqueurs diagnostiques de ce type de cancer. De premiers résultats, prometteurs, en particulier en regard de la simplicité d’un test de détection sanguin, mais qui devront être confirmés dans le cadre d'un essai clinique plus large.
Sources: PNAS November 11, 2019 DOI : 10.1073/pnas.1912129116 Colorectal cancer-associated microbiota contributes to oncogenic epigenetic signatures et Institut Pasteur November 11, 2019 Gut microbiota imbalance promotes the onset of colorectal cancer
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