Ces scientifiques de l’Université de Californie du Sud (USC) qui viennent d’analyser les IRM de 998 femmes âgées, révèlent un nouvel effet de l’exposition à la pollution et notamment aux particules fines PM 2,5 : un effet d’atrophie cérébrale qui induit le déclin cognitif et s'avère ainsi un facteur de risque de maladie d’Alzheimer. Alors que l’exposition in utero ou à l’enfance à la pollution est déjà associée à des troubles de développement du cerveau, ces travaux, présentés dans la revue Brain, élargissent ses effets cognitifs aux cerveaux des plus âgés. Ils suggèrent également un nouveau facteur de risque, évitable dans une certaine mesure, de la maladie d’Alzheimer.
Ainsi, selon les chercheurs, les femmes âgées de 70 à 80 ans, exposées à des niveaux de pollution atmosphérique plus élevés accusent des troubles de la mémoire et présentent une atrophie cérébrale significative et plus importante que leurs homologues qui « respirent un air plus pur ». Si de précédentes recherches ont suggéré que l'exposition aux particules fines augmente le risque de maladie d'Alzheimer et de démences associées, jusqu’ici on ignorait les effets de cette exposition sur la structure même du cerveau. Enfin, l’étude invoque la responsabilité des particules fines, également appelées particules PM2,5, dont la largeur est d’environ 1 30è de la l’épaisseur d'un cheveu humain. Ces particules sont générées par les gaz d'échappement de la circulation, la fumée et la poussière industrielles et leur petite taille leur permet de rester en suspension dans l'air, d’être inhalées facilement, et d'atteindre et de s'accumuler dans le cerveau. La pollution par les particules fines a déjà associée à l’asthme, aux maladies cardiovasculaires, respiratoires et au décès prématuré.
La pollution atmosphérique induit une atrophie du cerveau et une baisse de performance cognitive
« Il s'agit de la première étude à démontrer via un modèle statistique, que l’exposition à la pollution est associée à des modifications du cerveau liés à une diminution des performances cognitives », résume l’auteur principal, le Dr Andrew Petkus, professeur de neurologie à la Keck School of Medicine à l'USC. Son équipe a analysé les données de 998 femmes âgées de 73 à 87 ans, ayant subi jusqu'à 2 scanners du cerveau à 5 années d'intervalle, dans le cadre de la Women's Health Initiative. Ces scanners ont été rapprochés de scanners cérébraux de personnes diagnostiquées avec la maladie d'Alzheimer. Les chercheurs ont également pris en compte les données sur le lieu de résidence de ces participantes et les données environnementales provenant de ces sites, afin d’estimer leur exposition à la pollution par des particules fines. L’analyse constate :
- un lien entre une exposition élevée à la pollution, des modifications du cerveau et des troubles de la mémoire, même après ajustement avec les facteurs de confusion possibles dont les niveaux d’édutes et de revenus, l’ethnie, le tabagisme et d'autres facteurs de mode de vie.
Il est peu probable qu’a posteriori, des interventions pourrait inverser ces changements cérébraux sous-jacents causés par la pollution atmosphérique mais ces résultats désignant la pollution comme un facteur de risque de développement de la maladie, il est peut être possible de développer des interventions de prévention.
« L’identification de chaque facteur de risque nous rapproche de la résolution de l'épidémie d'Alzheimer », concluent avec espoir les chercheurs.
Source: Brain 20 November 2019 DOI : 10.1093/brain/awz348 Particulate matter and episodic memory decline mediated by early neuroanatomic biomarkers of Alzheimer’s disease (Visuel USC)
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