Cette analyse des données de sécurité de 5 essais cliniques, menée par les experts du National Institute of Mental Health (NIMH/NIH) n’identifie que des effets secondaires, légers et brefs, avec une seule dose d'antidépresseur de kétamine par voie intraveineuse. L'étude confirme un soulagement rapide, en quelques heures, des symptômes dépressifs, chez ces personnes réfractaires aux antidépresseurs classiques. L’analyse, présentée dans le Journal of Affective Disorders, qui confirme ainsi l'innocuité d'une injection de kétamine, est déjà suivie de nouveaux essais cliniques portant sur un métabolite de la kétamine.
De précédentes études ont montré que l’injection d’une seule dose de kétamine, au niveau sous-anesthésique (dose inférieure à celle qui provoquerait une anesthésie) permet de soulager rapidement les symptômes dépressifs en quelques heures chez les personnes ne répondant pas aux traitements antidépresseurs standards. Toutefois, cette utilisation de la kétamine -par injection- ne fait pas encore partie des indications autorisées et elle suscite toujours des inquiétudes quant aux effets secondaires possibles, en particulier du fait de son image de substance récréative illicite.
1 injection de kétamine n’induit aucun effet de craving
Ici, les chercheurs ont compilé des données d’effets indésirables de 163 patients atteints de trouble dépressif majeur ou bipolaire et de 25 témoins sains ayant participé à ces 5 essais cliniques contrôlés par placebo. Tous ces essais incluaient une surveillance active et structurée en milieu hospitalier des effets secondaires, l’utilisation d’une échelle de mesure standard et comportaient des entretiens avec des cliniciens. Outre les symptômes dissociatifs, tous les effets secondaires possibles (maux de tête, vertiges, somnolence, …) étaient bien pris en compte. L’analyse constate :
- 120 effets secondaires dont 34 associés de manière significative au traitement ;
- 8 sont survenus chez au moins la moitié des participants : sensation « étrange ou bizarre », sensation de flottement, dissociation, distorsions visuelles, difficulté d’élocution et engourdissement. Mais aucun de ces effets n'a persisté pendant plus de 4 heures. Aucun événement indésirable sévère n’a été rapporté. Enfin, aucun type de craving n’a été signalé au cours d'un suivi minimum de 3 mois.
Aucun événement indésirable majeur n’est donc relevé dans la méta-analyse : l’effet indésirable le plus courant à court terme est une sensation étrange ou agitée et la plupart des effets indésirables légers relevés atteignent leur maximum dans l'heure qui suit l'administration de la kétamine puis se dissipent dans les 2 heures, expliquent les chercheurs : « Nous n'avons relevé aucun événement indésirable grave lié au médicament, y compris aucune envie particulière de kétamine, après cette unique injection ».
Optimiser encore le traitement antidépresseur : si cette méta-analyse confirme donc l’innocuité d’une injection unique de kétamine dans le traitement des symptômes dépressifs, des recherches en cours tentent de limiter encore les effets secondaires en développant un antidépresseur à action rapide plus pratique qui fonctionne dans le cerveau de la même manière que la kétamine- mais sans même ces effets brefs et légers. Un essai clinique portant sur un métabolite de la kétamine est déjà planifié.
Enfin, l’Agence américaine Food and Drug Administration a approuvé cette année une forme intranasale de kétamine appelée esketamine, qui peut être administrée par un médecin, aux adultes souffrant de dépression réfractaire au traitement.
Source: Journal of Affective Disorders Nov. 10, 2019 DOI : 10.1016/j.jad.2019.11.028, Comprehensive assessment of side effects associated with a single dose of ketamine in treatment-resistant depression
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