Cette blessure connue sous le nom de « l’épaule du nageur » est la plus fréquente chez le nageur régulier. Cette tendinopathie de la coiffe des rotateurs est non seulement liée à l’intensité de l’entraînement mais aussi à un principe contestable « no pain, no gain ». Une équipe de recherche de l’Université de Stanford a regardé précisément les facteurs de risque de cette tendinite de l’épaule et vient de livrer de premières données épidémiologiques lors de la Réunion nationale 2019 de l’American Academy of Pediatrics (AAP). A travers l’étude de l’incidence de cette blessure plus spécifique à la natation, les chercheurs posent la question, tant aux sportifs qu’aux entraîneurs : « La douleur est-elle vraiment bien nécessaire ? »
Ce qui frappe tout d’abord c’est l’incidence de cette blessure qui va toucher 75% des nageurs au cours de leur pratique. Une blessure « par surentraînement » qui selon cette étude, pourrait être causée par une distance de nage excessive pendant l'entraînement et par une culture de compétition qui sublime la douleur.
Toute douleur musculaire devrait impliquer une réduction voire un arrêt (provisoire) de l’entraînement
L’équipe de recherche a mené une enquête auprès de nageurs de clubs des lycées et des clubs de natation 150 jeunes âgés de 13 à 18 ans ont été interviewés sur leur pratique et ses effets. L’analyse montre que 76,7% des nageurs ont souffert d’une blessure à l'épaule au cours des 12 derniers mois.
La durée de l’entraînement : L’équipe a découvert que de nombreux jeunes souffrent de ces douleurs à l’épaule, avec une incidence directement corrélée à la distance parcourue chaque jour, à la durée de l’entraînement : ainsi, parmi ceux qui ne signalent aucune douleur à l'épaule, les distances médianes d'entraînement varient de 1 à 3 km, tandis que ceux qui signalent une douleur nagent entre 2 à 6 km par entraînement.
L’intensité de l’entraînement : La recherche révèle que les clubs de natation et les entraînements de compétition sont -logiquement- davantage générateurs de cette épaule du nageur, qu’une pratique moins intensive avec le lycée par exemple
Souffrir fait partie de l’entraînement ? La douleur est largement vécue comme un phénomène normal pour tous les nageurs et en particulier par les nageurs de compétition : ainsi,
- 66,0% des sportifs interviewés sont d'accord pour dire qu'une « légère douleur à l'épaule doit être tolérée » s'ils veulent devenir de bons nageurs ;
- 61% déclarent que se priver d’entrainement en raison de douleur « n’est pas idéal » ;
- 50% connaissent des pairs qui utilisent régulièrement des médicaments analgésiques et en particulier des opioïdes, pour traiter ces blessures liées à la natation.
Les chercheurs plaident pour une « philosophie » différente : le soulagement de la douleur musculaire implique en effet le repos, ici de l'épaule et, dans la plupart des cas, le sportif devrait donc s'arrêter ou réduire considérablement son entraînement durant pendant 3 à 4 semaines.
Source : American Academy of Pediatrics 2019 National Conference & Exhibition Oct, 2019 No Pain, No Gain: Normalizing Attitudes Associated with Shoulder Pain in Adolescent Swimmers
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