Le lupus est une maladie à prédominance sexuelle, qui touche 9 fois plus les femmes que les hommes et les femmes enceintes avec une incidence encore plus élevée. Sa prévalence est élevée, soit plusieurs millions de personnes dans le monde et ses causes restent mal connues, même si des facteurs génétiques sont fréquemment évoqués. Développer des stratégies thérapeutiques pour les femmes enceintes atteintes de lupus répond donc à un véritable besoin. Il s’agit en fait de pouvoir aider les femmes atteintes de lupus à vivre une grossesse « normale » avec de bons résultats. C’est l’objectif de cette équipe de la Virginia Tech qui explore, dans la revue Microbiome, le rôle possible du microbiote intestinal dans ce lien entre grossesse et exacerbation du lupus.
Le lupus érythémateux systémique est une maladie auto-immune chronique communément appelée lupus (ou SLE). La maladie est similaire à « une réaction allergique qui a mal tourné ». Elle est caractérisée par l'attaque des articulations, de la peau et des reins par le système immunitaire du corps. Le système immunitaire attaque également les cellules, les tissus et les organes sains du corps, provoquant une inflammation et entraînant toute une série de symptômes spécifiques à chaque patient. L’incidence de la maladie est plus élevée chez les femmes et particulièrement chez les femmes en post-partum. Il est d’ailleurs conseillé aux femmes atteintes de la maladie d'éviter complètement la grossesse. Le lupus érythémateux systémique a déjà été associé à une combinaison spécifique de bactéries intestinales. Alors que les déséquilibres bactériens ont également été liés à de nombreuses maladies immunitaires, dont les maladies inflammatoires de l'intestin (MICI) bien sûr, mais aussi à l'arthrite et à certains cancers, ces chercheurs viennent confirmer et expliquer ce lien entre le lupus et le microbiote, avec l’espoir de nouvelles options thérapeutiques ciblées sur le microbiote.
Le microbiote intestinal régule les poussées de lupus chez la femme enceinte
38 milliards de bactéries vivent dans les intestins d'une personne en moyenne, c’est le rappel de l’auteur principal, Xin M. Luo, professeur agrégé d'immunologie. Et des perturbations du microbiote intestinal ont été souvent suggérées dans la pathogenèse de nombreuses maladies auto-immunes, y compris le lupus. L’équipe a donc examiné les modifications de structure du microbiote intestinal avec ou sans grossesse, ainsi que les différences de réponse du système immunitaire à différentes stratégies de modulation du microbiote. Ces travaux ont été menés chez des souris modèles de lupus, en gestation ou non. Ces expériences indiquent avec surprise que les stratégies qui bénéficient aux souris non gravides aggravent la sévérité du lupus chez les souris en post-partum.
Le microbiote intestinal régule les poussées de la maladie provoquées par la grossesse, concluent les chercheurs qui envisagent de nouvelles stratégies thérapeutiques pour les femmes enceintes atteintes de lupus, ciblées sur le microbiote. L’objectif est d'identifier les espèces bactériennes intestinales bénéfiques et pathogènes et de développer des stratégies thérapeutiques modulant la communauté du microbiote intestinal vers un effet bénéfique. Les thérapies pourraient ainsi passer par le régime alimentaire et les probiotiques, 2 approches relativement faciles et acceptables qui semblent, au vu de ces résultats, pouvoir améliorer la gestion de la maladie et de ses symptômes.
L'interaction entre les hormones sexuelles et le microbiote intestinal dans la régulation de la pathogenèse du lupus apparaît également comme un axe de recherche majeur. « Les femmes subissent pendant la grossesse et le post-partum des modifications hormonales qui viennent s’ajouter à ce « biais féminin », suggérant un rôle des hormones sexuelles dans la maladie ».
Source: Microbiome 16 July 2019 Pregnancy and lactation interfere with the response of autoimmunity to modulation of gut microbiota
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