Les effets secondaires, parfois sévères du kratom, un supplément dérivé d'une plante qui pousse en Asie du Sud-Est, utilisé pour traiter la dépendance aux opioïdes et la douleur, sont documentés par cette équipe de l’Université de Binghamton (New York). L’analyse de milliers de cas d’empoisonnement révèle ici dans la revue Pharmacotherapy, les dangers d’une utilisation du supplément dont le mode d’action apparaît, à forte dose, comparable à celui des médicaments opioïdes.
Le supplément, le kratom (appelé également « biak »), est de plus en plus utilisé pour soulager la douleur et traiter la dépendance aux opioïdes, mais son innocuité est remise en cause par cette étude menée par l’équipe de la State University de New York. Une étude menée par William Eggleston, professeur de pharmacie à la suite de son constat d’un nombre toujours croissant de cas de toxicité avec le kratom. S’il est bien connu que les substances chimiques actives de la plante agissent sur les récepteurs opioïdes du corps, si les patients utilisent le supplément pour faciliter le sevrage de la dépendance aux opioïdes, cette utilisation entraîne un risque élevé d’empoisonnement.
Le kratom constitue un danger pour la santé
L’équipe a donc souhaité vérifier quel était le niveau de toxicité du kratom et s’il existait un seuil de sécurité pour les patients et les usagers de santé. L’équipe a donc mené une analyse rétrospective des expositions au kratom déclarées au centre national de données sur les poisons et des dossiers du bureau du médecin légiste de l'État de New York afin d'identifier les décès associés. L’analyse conclut à un risque élevé d’empoisonnement, avec le supplément :
- 2.312 empoisonnements au kratom ont été rapportées, dont 935 cas impliquant le kratom comme seule substance ;
- le kratom est le plus souvent à l'origine :
- d'agitation (18,6%),
- de tachycardie (16,9%),
- de somnolence (13,6%),
- de vomissements (11,2%),
- de confusion (8,1%).
- Des effets sévères tels que des convulsions (6,1%), des symptômes de sevrage (6,1%), des hallucinations (4,8%), une détresse respiratoire (2,8%), le coma (2,3%), l’arrêt cardiaque ou respiratoire (0,6%) sont également été rapportés.
- Sur la période d’étude, le kratom figure parmi les causes de 4 décès.
Un opioïde comme les « autres » ? Bien qu'il ne soit pas aussi puissant que certains autres opioïdes sur prescription, le kratom agit comme un opioïde dans le corps. À forte doses, il peut provoquer un ralentissement de la respiration et une sédation, ce qui signifie que les patients peuvent développer la même toxicité qu’avec un médicament opioïde. Il pourrait également causer des convulsions et une toxicité hépatique.
Certes, le kratom pourrait jouer un rôle dans le traitement de la douleur et le sevrage dans la dépendance aux opioïdes mais valider son innocuité et son efficacité implique des recherches supplémentaires. Et, dans cette attente, les chercheurs déconseillent son utilisation sous forme de supplément à base de plantes.
Source: Pharmacotherapy July 2019 DOI : 10.1002/phar.2280 Kratom Use and Toxicities in the United States
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