Cette bulle de sécurité qui se développe au troisième trimestre de grossesse, documentée par ces chercheurs de l’Université Anglia Ruskin (Cambridge) fait partie des changements mentaux et physiques majeurs au cours des dernières phases de la grossesse. Ces travaux présentés dans les Scientific Reports décrivent comment cet espace péripersonnel permet de « garder les dangers à distance ».
Notre capacité à maintenir un moi corporel cohérent malgré des changements continus à l'intérieur et à l'extérieur de notre corps repose aussi sur la représentation multisensorielle extrêmement flexible du corps et de l'espace qui nous entoure. C’est ce que les auteurs appellent « l'espace péripersonnel (PPS) ».
Cet espace péripersonnel permet de garder les dangers à distance
L’étude a cherché à déterminer si, au cours de la grossesse, il se produit une réorganisation plastique de la représentation neurale du PPS, en regard des changements extrêmement rapides de la taille et de la forme du corps. Ils utilisent pour mieux comprendre cette modification de l’espace péripersonnel durant la grossesse, une tâche d'intégration audio-tactile. De quoi s’agit-il en pratique ?
À l'aide d'un test audio-tactile, les scientifiques mesurent, pour la première fois, les limites de l'espace péripersonnel pendant la grossesse, vs chez des femmes non enceintes. Les participantes ont fait le test à la 20è semaine de grossesse lorsque l'abdomen commençait à devenir plus volumineux, et au troisième trimestre (à environ 34 semaines), lorsque la grossesse est clairement visible, puis enfin 8 semaines après l'accouchement. Cette expérience révèle que la perception de l'espace personnel d'une femme enceinte se développe, mais plus significativement au cours du 3è trimestre de grossesse. Aucun changement de PPS n’est en effet observé aux premiers stades ou après l'accouchement.
3è trimestre de grossesse, l’espace péripersonnel semble élargi : En temps normal, le cerveau surveille en permanence la zone qui entoure immédiatement le corps de chaque individu car c’est dans cette zone limitrophe que peuvent se produire des interactions avec le monde extérieur. Si les chercheurs constatent qu'au cours du deuxième trimestre de grossesse et chez les femmes en post-partum, cet espace péripersonnel ne diffère pas de celui de femmes non enceintes ; ils montrent, qu’au 3è trimestre, le PPS est élargi et que le décalage entre la représentation de l’espace proche et lointain est moins évident. En fait, durant la grossesse, le cerveau s’adapte aux changements corporels soudains en élargissant sa représentation de l’espace autour du corps. Selon les chercheurs, il s’agirait d’un mécanisme évolutif de protection de l’abdomen alors plus vulnérable contre des dangers possibles de l’environnement.
Ces résultats suggèrent que lorsque le corps subit d'importants changements, au moment où le « ventre » est clairement visible, le cerveau maternel commence ses ajustements dans l'espace qui entoure immédiatement le corps. Il adapte cet espace en créant une « bulle de sécurité » qui va protéger la grosse des dangers extérieurs.
En développant progressivement cette bulle de sécurité, le cerveau s'assure que le danger est maintenu à distance. « A portée de main », écrivent les auteurs.
Source : Scientific Reports 13 June 2019 Enlarged representation of peripersonal space in pregnancy
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