La polyarthrite rhumatoïde (PR) est une maladie auto-immune inflammatoire chronique qui affecte environ 1% de la population mondiale. Pourtant, il n’existe aucun traitement définitif et satisfaisant pour l’ensemble des patients. Dans ce numéro thématique de Clinical Therapeutics, des experts de l’Université du Colorado à Denver travaillent à une meilleure compréhension du développement ou de la pathogenèse de la polyarthrite rhumatoïde (PR). L'équipe tente d'identifier plus précisément ses facteurs, dans l’objectif de mettre en oeuvre des mesures préventives et de viser de meilleures cibles thérapeutiques. Pouvoir identifier les personnes à risque élevé avant qu'elles ne développent la maladie pourrait en effet considérablement modifier l'évolution de la PR, réduire ses effets néfastes ainsi que les coûts de santé associés en population générale. Il reste encore, selon les auteurs, un immense travail à accomplir pour comprendre la pathogenèse de la PR -comme des autres maladies auto-immunes- et pour pouvoir développer de nouvelles options de traitement.
La PR provoque un gonflement douloureux des articulations et peut également endommager d'autres systèmes tels que la peau, les yeux, les poumons, le cœur et les vaisseaux sanguins. Cette maladie handicapante entraîne une forte diminution de la qualité de vie, avec à la clé, des douleurs au quotidien, une capacité de « fonctionnement » réduite et parfois même la perte de l’activité professionnelle. C'est aussi une maladie pour la vie, car s’il existe des médicaments pour réduire les symptômes et contrôler la maladie, rares sont les patients qui parviennent à une guérison complète et sont en mesure d’arrêter leur traitement.
Mieux prévenir la PR reste un défi
Les experts rhumatologues de l’Université du Colorado et de l’Université de Hong Kong, avec des collègues du monde entier abordent ici, à travers une large revue de la littérature, de multiples aspects de la prévention de la PR. L’objectif est de mieux prévenir la maladie, comme d'autres maladies auto-immunes d’ailleurs, pour réduire son fardeau sur les patients et le système de santé. De nombreuses études sont déjà en cours pour savoir comment prévenir la PR. Cependant, il reste encore beaucoup à discuter et beaucoup à apprendre : « Le public connait bien la prévention de maladies telles que le diabète, les maladies cardiaques ou le cancer, effectue plutôt régulièrement des analyses de sang de routine, pour le suivi de marqueurs bien connus, comme les taux de cholestérol. Chacun peut alors décider de modifier son mode de vie, d’adopter par exemple une alimentation plus saine ou encore cesser de fumer ou pratiquer plus d'exercice », rappelle l’auteur principal, Kevin D. Deane, professeur de Rhumatologie à la Denver School of Medicine.
Mais quelles sont les approches adaptées pour la prévention de la PR ? De grands progrès ont été accomplis dans le développement de médicaments antirhumatismaux (DMARD : disease-modifying antirheumatic drugs ) synthétiques, biologiques et ciblés ainsi que dans les protocoles de traitement permettant de contrôler l'inflammation associée à la maladie, à un niveau d'activité faible ou en rémission clinique », commente le Dr John M. Davis III, professeur de médecine au Département de Rhumatologie de la Mayo Clinic (Rochester). Cependant, ces stratégies de traitement ne fonctionnent que sur 40-60% des patients. D’où l’importance et l’urgence de mieux comprendre la pathogenèse et ses différents stades, et de préciser les mesures de prévention efficaces à chaque stade, qu’il s’agisse de traitements pharmacologiques ou de changements de mode de vie (par exemple, l’arrêt du tabac), ou la combinaison des deux. Ainsi, de précédentes recherches ont déjà suggéré que le développement de la PR peut être retardé avec une seule dose de médicament généralement utilisée chez les patients déjà atteints. Cette découverte laisse également espérer qu’une détection précoce permettrait de retarder voire de prévenir le développement de la maladie.
Comment détecter la PR de manière précoce ? La plupart des maladies auto-immunes ne sont identifiées que lorsque la maladie est déjà déclarée. Dans le cas de la PR, lorsque les articulations sont déjà douloureuses et enflées. Pourtant, il existe des tests sanguins qui peuvent aujourd’hui identifier les personnes à risque avant l’apparition de la maladie. Traiter la PR très tôt peut aussi permettre de recourir à des traitements moins coûteux et plus efficaces.
PR ou arthrite, quid de la terminologie ? Alors qu’à l'heure actuelle, la PR est fréquemment invoquée en cas d'arthrite, il s’agit d’amener la recherche et la communauté médicale à s’entendre sur la bonne terminologie. « Nous devrions développer de nouveaux termes, tels que la « Pré-PR », comme le « pré-diabète » pour inciter les médecins comme les patients à la vigilance et au « pré-traitement », sous peine de voir la maladie s’aggraver ».
Bref, un numéro spécial de sensibilisation de la communauté médicale à la PR et un appel à explorer de nouvelles méthodes de détection précoce et de prévention.
Source : Clinical Therapeutics Special Themed Issue on Rheumatoid Arthritis June 2019 Prevention of Rheumatoid Arthritis: Challenges and Opportunities to Change the Paradigm of Disease Management
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