Des mesures urgentes s'imposent pour prévenir, détecter et traiter la fibrillation auriculaire (FA) et enrayer la hausse d’incidence des accidents vasculaires cérébraux (AVC). C’est le message principal de cet article publié dans la revue EP Europace, un journal de la Société européenne de cardiologie qui estime à 14 millions, le nombre de personnes âgées de plus de 65 ans qui seront atteintes de FA en 2060.
La fibrillation auriculaire est le trouble du rythme cardiaque le plus répandu et représente 0,28% à 2,6% des dépenses de santé dans les pays européens. Les patients atteints de FA ont un risque d'accident vasculaire cérébral (AVC) 5 fois plus élevé. Et 20% à 30% des AVC sont causés par la FA. Ces AVC sont généralement plus invalidants et plus souvent mortels que les AVC d'autres causes.
Les patients de plus de 80 ans souffrant de FA ont un risque d’AVC encore plus élevé
Pour estimer la prévalence de la FA chez les plus de 65 ans dans l'UE et au cours des 4 prochaines décennies, les chercheurs ont d'abord mesuré la prévalence sur un échantillon représentatif de personnes de plus de 65 ans en Italie. Puis les projections démographiques établies par l'office statistique de l'UE (Eurostat) pour l'ensemble des 28 États membres leur ont permis d’estimer la prévalence au niveau européen.
7,6 millions de personnes âgées de plus de 65 ans seraient aujourd’hui atteintes de fibrillation auriculaire, une prévalence qui devrait augmenter de 89%, pour atteindre 14,4 millions d'ici 2060. La proportion de ces patients âgés de plus de 80 ans pourrait passer dans les 40 prochaines années de 51% à 65%.
FA et grand âge : le vieillissement des populations contribue à la prévalence croissante de la maladie, explique l’auteur principal, le Dr Antonio Di Carlo, du Conseil national italien de la recherche (Florence). Les patients plus âgés présentent également plus de comorbidités liées à la fibrillation auriculaire, telles que l'insuffisance cardiaque et les troubles cognitifs.
Prévenir la FA est une urgence : la prévention de la FA est la même que pour les autres maladies cardiovasculaires. Elle comprend l'arrêt ou l'absence de tabagisme, la pratique de l'exercice, le choix d'une alimentation saine, une consommation d'alcool modérée et le contrôle régulier de la tension artérielle et/ou de la glycémie.
Dépister la FA est une nécessité : le dépistage de la FA est important, d’autant que les anticoagulants oraux peuvent prévenir efficacement les AVC chez ces patients. L’auteur et expert engage donc les médecins généralistes à dépister la FA par simple prise du pouls lors des consultations. Un pouls irrégulier devrait inciter à confirmation par électrocardiogramme. Alors que la majorité des personnes âgées voient leur médecin généraliste au moins une fois par an, ce diagnostic permettrait de prévenir la grande majorité des complications.
Informer les patients sur les symptômes : les médecins généralistes devraient également informer les patients sur les symptômes de la FA : palpitations, accélération du pouls, essoufflement, fatigue, douleur thoracique et vertiges ; éduquer les patients en leur montrant comment vérifier du bout des doigts si le pouls est irrégulier- ce qui peut être confirmé si nécessaire par ECG. L’idée serait également de disposer aussi, de dispositifs fiables de détection de première ligne, accessibles au grand public. Des développements sont d'ailleurs en cours.
Source : EP Europace 06 June 2019 DOI : 10.1093/europace/euz141 Prevalence of atrial fibrillation in the Italian elderly population and projections from 2020 to 2060 for Italy and the European Union: the FAI Project
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