Une étude récente montrait que la transplantation de microbiote fécal permettait de réduire d’environ 50% les symptômes d’autisme, cette nouvelle recherche renforce encore le lien ou l’axe intestin-cerveau dans les TSA, et plus largement les troubles neurologiques. L’équipe de la RMIT University (Melbourne) suggère, ici dans la revue Autism Research, que les mêmes mutations génétiques – découvertes à la fois dans le cerveau et dans les intestins – pourraient être la cause commune des problèmes intestinaux et des dysfonctionnements cérébraux caractéristiques de l’autisme.
Les personnes atteintes d'autisme souffrent souvent de troubles intestinaux, mais personne ne sait pourquoi. L’équipe confirme ici un lien entre le système nerveux de l'intestin et le cerveau dans l'autisme, confirmant cette nouvelle direction de recherche de traitements ciblant l'intestin et permettant d’atténuer les problèmes de comportement associés à l'autisme. L’auteur principal Elisa Hill-Yardin, explique que les scientifiques qui tentent de comprendre l'autisme regardent depuis trop longtemps dans le cerveau, et pas assez « dans » le système nerveux intestinal : « nous savons que le cerveau et les intestins partagent des neurones similaires et nous confirmons ici que ces neurones partagent également des mutations génétiques déjà documentées comme liées à l'autisme » (Voir visuel neurones intestinaux).
Près de 90% des personnes atteintes d'autisme souffrent de problèmes intestinaux
Ces troubles intestinaux peuvent aussi avoir une incidence importante sur leur vie quotidienne, ainsi que sur celles de leurs familles. Ces résultats suggèrent que ces problèmes gastro-intestinaux pourraient provenir des mêmes mutations dans les gènes responsables des problèmes cérébraux et comportementaux de l'autisme.
Le gène de l'autisme et le lien intestin-cerveau : à partir de l’analyse de données d’études pré-cliniques menées sur des animaux et des travaux cliniques inédits, l'équipe révèle notamment une mutation génétique qui affecte la communication neuronale dans le cerveau et qui provoque également un dysfonctionnement de l'intestin. Cette mutation affecte la communication en modifiant la liaison (ou « velcro ») entre les neurones, qui les maintient en contact étroit. L’équipe s’est donc appuyée sur ces travaux cliniques et a mené une série d'études sur la fonction et la structure de l'intestin chez des souris ayant la même mutation de ce gène « velcro ».
Une mutation « velcro » qui affecte l’intestin comme le cerveau : la recherche montre que cette mutation affecte :
- les contractions intestinales,
- le nombre de neurones dans l'intestin grêle,
- la vitesse à laquelle la nourriture se déplace dans l'intestin grêle,
- les réponses à un neurotransmetteur essentiel dans l'autisme (bien connues dans le cerveau mais jamais identifiées pour leur rôle majeur dans l'intestin).
- des différences significatives dans les microbes intestinaux ou microbiote.
Si cette mutation est rare, il s’agit de l’une des 150 mutations génétiques liées à l’autisme qui altèrent les connexions neuronales. Enfin, la découverte de ses effets suggère un mécanisme plus large, indiquant que les mutations qui affectent les connexions entre neurones pourraient être à l'origine des problèmes intestinaux chez de nombreux patients.
C’est un nouvel appel à la recherche sur le lien entre les mutations géniques dans le système nerveux et le microbiote. Et la question se repose à nouveau : « Nous savons que ces microbes interagissent avec le cerveau via l'axe intestin-cerveau, alors leur modification permettrait-elle d'améliorer l'humeur et le comportement ? »
Source : Autism Research 22 May 2019 DOI : 10.1002/aur.2127 Gastrointestinal dysfunction in patients and mice expressing the autism‐associated r451c mutation in neuroligin‐3 (Visuel RMIT University)
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