Une liste de contrôle numérique sur tablette pour aider les équipes à mieux travailler sans pour autant nuire à la performance ? Le principe des check-lists est devenu un outil classique et précieux dans les milieux de soins. On citera l’exemple de la chek-list mise en œuvre au bloc opératoire.
Cette équipe de l’Université Drexel nous propose la première liste de contrôle numérique destinée aux services complexes de traumatologie. Présentée à l’International Conference on Human Factors in Computing Systems (Ecosse), cette feuille de route permet aux médecins de garder le cap mais permet aussi l’enregistrement de données précieuses, sans pour autant ralentir le processus de réanimation.
Au cours de ces dernières années, les check-lists se sont développées à l’hôpital. Une étude fondamentale menée à la Johns Hopkins en 2013 a montré que l'utilisation d'une simple liste de contrôle – avec des rappels de base sur le lavage des mains, la stérilisation des instruments et les procédures d’hygiène et d’asepsie de base, permettait de réduire considérablement les taux d'infection associés aux procédures par voie intraveineuse en unités de soins intensifs (USI). Ces « to-do » listes sont maintenant courantes dans les soins de santé, à la fois en tant qu'aide-mémoire et point d'entrée des dossiers de santé électroniques.
« Que fait-on ensuite ? »
Cependant l’outil devient doublement précieux en cas d’urgence et alors qu’en services de traumatologie, les décisions sont prises en quelques secondes et que même les meilleurs médecins se posent de temps à autre la question : « que fait-on ensuite ? ». Le contexte dynamique et souvent chaotique des services de traumatologie en font de bons candidats pour ce type d’outil, mais en revanche la mise en œuvre se révèle plus difficile. Cette équipe de Philadelphie avec des collègues du Children's National Medical Center de Washington s’est attelée à la tâche et a conçu, après plus de 10 années de recherche et de tests, la première liste de contrôle numérique sur tablette destinée aux centres de traumatologie.
Testée dans les services de traumatologie, la liste de contrôle numérique n'a pas eu d'incidence négative sur les performances des équipes, « ce qui est en soi un indicateur de succès important pour notre processus de conception et de mise en œuvre », écrivent les chercheurs. Car l’idée qu'un environnement aussi intense et dynamique puisse bénéficier d'un outil cognitif et de nouvelles technologies semblait aberrante : « c'est quelque chose que les médecins traumatologues ne peuvent tout simplement pas se permettre ». Mais en observant son utilisation par les médecins traumatologues et après avoir analysé 800 scenarii d’utilisation par des chefs d'équipe de traumatologie, l’équipe a pu progressivement améliorer sa check-list puis l’a développée sous forme numérique.
Efficience, tâches critiques et enregistrement de données précieuses : au total 10 mises à jour majeures et une douzaine de modifications mineures ont été nécessaires avant sa finalisation, les tests à grande échelle, puis les sessions de formation avec chaque responsable de service de trauma. Au final, la mise en œuvre de la liste de contrôle numérique ne ralentit pas le travail des équipes et favorise le bon accomplissement des 18 tâches évaluées comme les plus critiques. La check-list n'a pas ralenti le temps de réanimation après un traumatisme, et au-delà de sa fonction d'aide cognitive, elle permet « de capturer de nombreuses données normalement impossibles à enregistrer en temps réel, au cours de procédures souvent si complexes et si chaotiques ».
Limiter l’aléa thérapeutique : si les équipes de traumatologie du Children's National l'utilisent désormais, les chercheurs souhaitent élargir son application à d’autres systèmes ou services complexes : « Nous constatons constamment des erreurs humaines dans la médecine. Et la réponse typique est de les considérer comme le fait qu'un individu ignore une information cruciale ou exécute mal une procédure. Mais la réalité est celle d’êtres humains dans un système complexe. Pour apporter des améliorations, nous devons faire ce que d’autres industries ont fait. Nous devons fournir aux équipes le soutien nécessaire pour bien faire les choses quel que soit la complexité du contexte ».
Source : International Conference on Human Factors in Computing Systems 6-May-2019 Comparing the Effects of Paper and Digital Checklists on Team Performance in Time-Critical Work (Visuel Université Drexel)
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