Ces chirurgiens de l’Université de Melbourne ont modifié et perfectionné une technique peu invasive pour aider les hommes à recouvrer une fonction érectile perdue ou réduite après une chirurgie du cancer de la prostate. Présentée dans la revue European Urology, la procédure permet de recouvrer la capacité d’avoir des rapports sexuels satisfaisants et d’améliorer la qualité de vie sexuelle chez les hommes souffrant de dysfonction érectile à la suite d’une prostatectomie radicale.
La procédure atteint un taux de réussite de 71%. 2 des participants ont retrouvé leur fonction érectile après 12 années « d’impuissance ». La procédure répond à un véritable besoin : en effet, la prévalence de l'incontinence urinaire après prostatectomie radicale est largement rapportée, allant de 2% à 60%, selon la période post-intervention. Les études rapportent une prévalence de 36 à 50% de l'incontinence dans les 3 mois qui suivent la prostatectomie radicale. À 12 mois, ce taux descend à 16 à 20%. L'incontinence urinaire est moins fréquente après résection trans-urétrale de la prostate pour une maladie bénigne de la prostate. La plupart des cas sont en fait liés dus à une incontinence persistante antérieure à la chirurgie. L'incontinence urinaire par impériosité « précoce », juste après l’intervention, affecte jusqu'à 30% à 40% des hommes, mais l'incontinence d'effort ou « incontinence urinaire de stress » tardive, est rare et affecte moins de 0,5% des patients.
Induire de nouvelles fibres nerveuses : Le traitement standard de la dysfonction érectile implique généralement des injections ou une prothèse, ce qui peut entraîner des effets secondaires. Cette technique améliorée, inventée au Brésil, utilise un nerf retiré de la jambe du patient pour restaurer la fonction érectile. C’est une équipe pluridisciplinaire, dirigée par le Dr Christopher Coombs, professeur de chirurgie à l’Université de Melbourne et Le Dr David Dangerfield, urologue au Monash Medical Center qui a développé cette nouvelle procédure qui montre ici de premiers résultats prometteurs. Les chercheurs ont évalué la qualité de vie sexuelle avant et après l’intervention de 17 patients âgés de moins de 70 ans présentant un dysfonctionnement érectile post-prostatectomie sévère ou modéré, ayant un partenaire sexuel et des taux indétectables de PSA (antigène spécifique de la prostate). Entre mars 2015 et octobre 2017, ces patients, âgés en moyenne de 64 ans, ont subi une intervention chirurgicale de 2,5 à 4 heures, pour retirer le nerf sural de la jambe et le greffer sur le côté du plus grand nerf fémoral de la cuisse. De nouvelles fibres nerveuses se sont alors développées le long de la greffe de nerf sural dans les corps caverneux du pénis. L’étude montre que :
- la fonction érectile est rétablie chez 71% des participants (3 hommes en 6 mois et 9 en 12 mois) ;
- Au bout d'un an, les 12 patients avec fonction érectile restaurée présentent des améliorations cliniquement significatives de leur fonction sexuelle et 83% se déclarent moins gênés par leurs symptômes ;
- Parmi ces 12 patients, 7 n’ont plus besoin de médicaments pour atteindre une fonction érectile satisfaisante ;
- aucun effet secondaire n’a été constaté (hors 2 infections de plaies mineures et 3 patients présentant une faiblesse temporaire du quadriceps) ;
- tous les patients ont déclaré une amélioration de la qualité de vie.
Enfin, les chirurgiens ajoutent que la procédure est également beaucoup moins invasive que l'alternative traditionnelle de la prothèse pénienne.
Source: European Urology April 2019 DOI : 10.1016/j.eururo.2019.03.036 End-to-side Somatic-to-autonomic Nerve Grafting to Restore Erectile Function and Improve Quality of Life After Radical Prostatectomy
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