La fibromyalgie est aujourd’hui reconnue comme la cause la plus courante de douleur chronique généralisée et la maladie touche de manière disproportionnée les femmes. Les US Centers for Disease Control and prévention (CDC) estiment sa prévalence à environ 2% de la population. Cependant le diagnostic de la maladie reste complexe et souvent erroné. En mettant au point ce test sanguin de diagnostic de la fibromyalgie, ces chercheurs de l’Ohio State University répondent à un immense besoin. Ce test de diagnostic encore expérimental, présenté dans le Journal of Biological Chemistry, mesure l'activité métabolique dans le sang en distinguant la fibromyalgie des autres états douloureux chroniques avec une précision de près de 100%.
C’est donc une signature moléculaire unique pour une maladie souvent mal diagnostiquée qui vient d’être identifiée, permettant du même coup la reconnaissance objective d’une pathologie encore trop souvent ignorée ou « négligée ». Selon de précédentes recherches, environ 3 personnes sur 4 atteintes ne reçoivent pas de diagnostic précis. Les patients qui suspectent qu’ils en sont atteints attendent en moyenne 5 ans entre l’apparition des symptômes et le diagnostic. En cause justement, des symptômes multiples et souvent communs à d’autres conditions, dont la douleur et la raideur dans tout le corps, la fatigue, la dépression, l'anxiété, les troubles du sommeil, les maux de tête et certains troubles cognitifs.
L’identification d’une combinaison de molécules liée à la fibromyalgie ouvre la voie à un diagnostic simple et rapide. Très prochainement, fibromyalgie pourrait donc être détectée de manière fiable par l’intermédiaire d’un simple test sanguin. Mais ce n’est pas tout. La découverte de ces biomarqueurs de la fibromyalgie et de leur spécificité ouvre également la voie aux tests de diagnostic sanguin pour d’autres maladies rhumatologiques apparentées. « Cette découverte pourrait représenter une étape importante dans les soins des patients atteints d'une maladie fréquemment mal diagnostiquée ou non diagnostiquée, les laissant privés de soins et de conseils appropriés pour gérer leur douleur chronique et leur fatigue », commente l’auteur principal, le Dr Kevin Hackshaw, professeur à l’Ohio State.
Une empreinte métabolique : les chercheurs ont identifié des schémas métaboliques reproductibles clairs, dans le sang des patients participants, dont 50 avec diagnostic de fibromyalgie, 29 de polyarthrite rhumatoïde, 19 d'arthrose et 23 de lupus. Les chercheurs ont analysé les échantillons de sang de chaque participant par spectroscopie vibrationnelle, une technique qui mesure le niveau d'énergie des molécules contenues dans l'échantillon.
Mieux reconnaître la maladie : bien que la fibromyalgie soit actuellement incurable et que le traitement se limite à l’exercice, à l’éducation thérapeutique et aux antidépresseurs, un diagnostic précis présente de nombreux avantages, comme la possibilité de pouvoir éliminer d’autres maladies, de confirmer aux patients la réalité de leurs symptômes, d’inciter les médecins à mieux connaître et reconnaître la maladie et de les aider à opter pour le traitement le mieux approprié. Aujourd’hui, de nombreux patients non diagnostiqués se font prescrire des opioïdes, des analgésiques puissants et addictifs dont il n'a pas été démontré qu'ils sont bénéfiques aux patients fibromyalgiques.
L'étape suivante est un essai clinique à plus grande échelle visant à valider ce test expérimental chez un plus grand nombre de patients, soit 150 à 200 sujets par maladie, l’objectif étant d’aboutir à un test utilisable en routine clinique d’ici 5 ans environ.
Source: Journal of Biological Chemistry March, 2019 doi:10.1074/jbc.RA118.005816 Metabolic fingerprinting for diagnosis of fibromyalgia and other rheumatologic disorders (Ohio State)
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