Cette recherche de l’Université de l'Illinois à Urbana-Champaign révèle que les acides gras libres dans le sang sont liés à des taux plus élevés de cancer du sein à récepteurs d'œstrogènes positifs chez les femmes ménopausées obèses. En d’autres termes, les acides gras libres dans le sang semblent stimuler la prolifération et la croissance des cellules cancéreuses du sein. Une découverte documentée dans Cancer Research qui contribue à expliquer le risque élevé de cancer du sein chez les femmes obèses, en particulier après la ménopause.
« Une fois absorbés par les cellules cancéreuses du sein à récepteurs d'œstrogènes positifs, ces acides gras activent des voies qui augmentent la croissance, la survie et la prolifération des cellules tumorales », résume le professeur Zeynep Madak-Erdogan, professeur en sciences de l'alimentation et en nutrition humaine : « Ces données cliniques apportent une compréhension plus complète des mécanismes qui relient l'obésité au cancer du sein et permettent d'évaluer la capacité des œstrogènes à réduire le risque de cancer du sein chez les femmes ménopausées obèses.
L'excès de poids accroît le risque de cancer du sein après la ménopause, les scientifiques le savent depuis longtemps. C’est particulièrement le cas chez les femmes atteintes d'un cancer du sein positif, mais les voies métaboliques et les processus génétiques qui déclenchent la maladie restent mal compris. Afin d’explorer cette association entre l'indice de masse corporelle (IMC) et le risque de cancer du sein, l’équipe a analysé et comparé des échantillons de sang de femmes en bonne santé à ceux de femmes ayant développé un cancer du sein, en recherchant, notamment la présence de différents métabolites, de biomarqueurs de l’inflammation et de protéines liées au cancer. Cette analyse comparative montre que :
- les femmes ayant développé un cancer du sein, et les femmes en surpoids ou obèses présentent des concentrations sanguines significativement plus élevées de 5 acides gras libres et de glycérol, libérés comme sous-produits lorsque le tissu adipeux décompose les triglycérides.
Une analyse in vitro de cellules de cancer du sein montre également que :
- les cellules cancéreuses deviennent plus viables et se multiplient plus rapidement avec l'augmentation du taux sanguin d'acides gras ;
- l'exposition de ces cellules aux acides gras semble également rendre la maladie plus agressive : la lignée de cellules tumorales primaires devient plus mobile et une voie enzymatique (voie mTOR) régulant la croissance, la prolifération et la survie des cellules est activée ;
- plus le niveau d'exposition des cellules aux acides gras est élevé, plus l'effet sur cette voie enzymatique est important.
Œstrogène vs acide oléique : la modification de l'interaction de la voie mTOR avec des cellules ER-positives par l'intermédiaire d'un composé œstrogénique privilégiant cette voie, entraîne des réponses favorables dans certains gènes, avec pour effet, la prévention de l'accumulation de graisse dans le foie des souris, sans nuire aux tissus reproducteurs. Lorsque les chercheurs traitent ici un groupe de cellules cancéreuses du sein avec de l'acide oléique et un autre groupe de cellules cancéreuses avec une combinaison d’acide oléique et d’œstrogène, ces effets bénéfiques sont considérablement réduits.
L’acide oléique favorise en effet la prolifération des cellules cancéreuses.
Source : Cancer Research March 2019 DOI: 10.1158/0008-5472.CAN-18-2849 Free fatty acids rewire cancer metabolism in obesity-associated breast cancer via estrogen receptor and mTOR signaling
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