On évoque plus souvent, avec le changement climatique, l’augmentation de température de 2°C, l’objectif de limite fixé par l'Accord de Paris. Cette revue la littérature de plus de 140 études, menée par un expert de la San Francisco State University examine les impacts d’une autre conséquence possible sur les humains et la faune, et notre écosystème : ceux des futures vagues et pics de chaleur. « L'été deviendra rapidement une saison mortelle pour la vie sur Terre », écrit le chercheur, de manière alarmiste, dans la revue Physiology.
Ces vagues de chaleur ont déjà produit des effets frappants de mortalité massive chez les animaux, depuis les squelettes blanchis des coraux jusqu'à la mort des chevaux sauvages durant certains étés australiens. Les pics de chaleur représentent également un danger pour les personnes, en particulier les personnes âgées : « La mortalité humaine est différente en ce sens que beaucoup de choses ne sont pas visibles de manière flagrante. En particulier parce que la mortalité se produit au domicile comme à l'hôpital », relève l’auteur, Jonathon Stillman, Professeur de biologie à la Francisco State University. Il cite l'exemple de la vague de chaleur de 2003 qui a tué plus de 70.000 personnes en Europe.
Pour parvenir à une vue complète des effets des futures vagues de chaleur sur les humains et la faune, Stillman a rassemblé les données de plus de 140 études scientifiques sur le sujet. Le chercheur aboutit à différents scenarii possibles :
- Alors que le dioxyde de carbone et d'autres gaz à effet de serre dans l'atmosphère retiennent la chaleur et font monter la température moyenne de la Terre, les vagues de chaleur auxquelles nous sommes habitués vont s'aggraver et devenir plus fréquentes ;
- dans les scénarios projetés les plus extrêmes, des températures égales ou supérieures à celles observées en Europe en 2003 pourraient durer 4 fois plus longtemps d’ici la fin du 21e siècle ;
- pendant quelques années, durant tout l'été, nous aurions une chaleur plus intense que celle de 2003 ;
- les vagues de chaleur pourraient également entrainer des effets plus subtils sur le corps des animaux, en provoquant par exemple une augmentation de la quantité de certaines protéines spécialisées protégeant leurs autres molécules des effets de déformation de la chaleur ;
- les populations d'animaux sauvages pourraient supporter des températures presque mortelles, mais avec des changements dans leur physiologie « les rapprochant » peu à peu de la mortalité.
Un scenario « catastrophe » : Il existe des moyens de faire face aux vagues de chaleur, mais ces moyens ne seront pas disponibles pour tout le monde et pour toutes les espèces. Un manque d'infrastructures disponibles peut rendre difficile la migration vers des climats plus froids pour de nombreuses communautés humaines vulnérables et provoquer des conflits de grande envergure. En raison de l'empreinte écologique considérable de l'humanité, de nombreuses espèces seraient dans l’incapacité de migrer vers les climats plus froids à moins que de l'espace naturel ne soit spécifiquement aménagé à cet effet. Ces phénomènes, soulignent l’auteur, devraient être mieux surveillés, car ils constituent un signal d’alerte pour les scientifiques, avant que les vagues de chaleur ne commencent à avoir des conséquences plus graves. L’auteur travaille d’ailleurs à préciser ces types de réponses physiologiques afin de prédire comment le changement climatique affectera les espèces et les écosystèmes marins.
Mais quand ? Les prévisions varient quant à la date à laquelle ces événements extrêmes pourraient se produire et quant à leur caractère extrême. « Nous ne pouvons pas dire que cela se produira l'année prochaine », écrit l’auteur. « Mais si nous continuons sur la trajectoire actuelle du carbone, d'ici la fin du siècle, nous allons voir des vagues de chaleur bien plus destructrices que celles qui ont déjà tué un grand nombre d’humains et d'animaux sauvages. »
Source: Physiology 06 Feb 2019 DOI : 10.1152/physiol.00040.2018 Heat Waves, the New Normal: Summertime Temperature Extremes Will Impact Animals, Ecosystems, and Human Communities
Laisser un commentaire