Compte tenu de la menace et de la diffusion très large des virus grippaux, il est surprenant de constater le peu de connaissances disponibles sur les infections et leur propagation chez les mammifères sauvages, relèvent ces scientifiques de l'Institut Leibniz de recherche sur les zoos et la faune sauvage (Leibniz-IZW, Berlin). Ils nous expliquent ici, dans le Journal of Infectious Diseases, quelles espèces sont communément infectées et pourquoi. Les scientifiques détectent en particulier une exposition au virus chez des mammifères africains sauvages en Namibie et démontrent que, chez ces animaux, le facteur le plus important pour la diversité et la prévalence du virus de l'influenza A, est un régime alimentaire à base d’oiseaux. Autre conclusion, la relation entre espèces joue un rôle étonnamment modeste.
L’étude réalisée en Namibie, où la diversité des espèces de mammifères est élevée, où certains d’entre eux comme la sauvagine, sont connus pour être porteurs de la grippe. L’objectif était de mieux comprendre la dynamique de la grippe A chez les mammifères sauvages. Les scientifiques ont examiné 111 échantillons de sérum provenant de différents mammifères namibiens afin de déterminer les virus grippaux A auxquels ces espèces avaient été exposées. Ils constatent que la prévalence est variable mais non aléatoire, les herbivores affichant une prévalence et une diversité faibles et plusieurs carnivores présentant une diversité virale et une prévalence plus élevées.
3 hypothèses ont ensuite été testées pour déterminer l’impact des liens de parenté, de la socialité et du régime alimentaire sur la diversité des virus et sur la prévalence observées.
Pas ou peu d’impact des « liens » de parentés entre espèces dans la prévalence de l’infection : l’hypothèse de départ d’un impact majeur des liens de parenté entre espèces hôtes et espèces infectées, en raison de récepteurs et d’une physiologie similaires est démentie : en effet, les résultats suggèrent ce facteur non significatif ;
Pas d’impact non plus de la « socialité » : on pouvait s’attendre à ce que la socialité joue également un rôle majeur, les animaux des troupeaux en particulier pouvant propager plus rapidement un virus vs les animaux qui sont en grande partie solitaires. Cependant, la socialité ne semble pas non plus être « une force motrice », car de nombreux herbivores sociaux ne semblent avoir subi aucune exposition à la grippe ou alors une exposition faible.
L’impact majeur du régime alimentaire : la diversité virale et la prévalence de l’infection dépend majoritairement d’un régime alimentaire comprenant des oiseaux, conclut l’auteur principal, Sanatana Soilemetzidou, candidat au doctorat. Ainsi, les animaux comme les chacals, qui se nourrissent d'oiseaux, présentent une diversité et une prévalence plus élevées d'exposition au virus de l'influenza A.
Les virus de l'influenza A font partie des agents pathogènes les mieux étudiés et les plus importants en termes de santé animale et humaine. Ces virus peuvent « glisser* » et infecter les mammifères, dont les humains. *La transmission entre oiseaux et mammifères entraîne souvent une adaptation du virus au nouvel hôte mammifère. C’est pourquoi il est particulièrement surprenant de disposer de si peu d’informations sur les souches de grippe A infectant les mammifères sauvages.
Si le virus de l'influenza A dérivé des oiseaux s'adapte aux mammifères sauvages, il pourrait devenir un virus tremplin capable, ensuite, d'infecter les humains et les animaux domestiques, concluent les chercheurs.
Source: The Journal of Infectious Diseases 06 March 2019 DOI : 10.1093/infdis/jiz032 Diet May Drive Influenza A Virus Exposure in African Mammals (Visuel US CDC)
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