En révélant des changements fonctionnels entre les zones cérébrales sensibles et motrices après l'amputation d'un membre, cette étude du D'Or Institute for Research and Education (Rio de Janeiro) révèle, dans les Scientific Reports, les mécanismes à l'origine de la sensation du membre fantôme.
Après l'amputation d'un membre, les zones du cerveau responsables du mouvement et des sensations modifient leur communication fonctionnelle. Ces résultats permettent enfin de comprendre pourquoi certains patients font état de sensations fantômes et d'autres pas mais constituent aussi un pas en avant dans la compréhension de la plasticité cérébrale, ou capacité du cerveau à se modifier lui-même en réponse aux situations de la vie quotidienne. Cette capacité est plus grande pendant les premiers stades du développement mais reste essentielle pour l'apprentissage, la mémoire et le comportement tout au long de la vie. Étudier les fondements de la plasticité cérébrale est la clé pour développer de nouveaux traitements contre les troubles mentaux.
Pour approfondir la question, ces neuroscientifiques brésiliens ont examiné le cerveau après une amputation du membre inférieur. Dans une étude précédente, la même équipe avait déjà révélé, par une expérience d'imagerie par résonance magnétique, que le cerveau réagit de manière excessive lorsque le moignon est touché. En outre, ils constataient que le corps calleux, structure du cerveau qui relie les zones corticales responsables du mouvement et des sensations, perd de sa force après une amputation. Ici, les scientifiques se concentrent sur les différences de connectivité fonctionnelle ou de communication entre l entre les zones motrices et sensibles connectées par le corps calleux, chez 9 patients amputés des membres inférieurs vs 9 volontaires sains (témoins).
- les patients amputés, en réponse au toucher du moignon, présentent un schéma de communication anormal entre les hémisphères droit et gauche, probablement à la suite d'une altération du corps calleux ;
- de plus, les zones sensibles et motrices du même hémisphère présentent une communication fonctionnelle accrue.
Ces résultats révèlent un déséquilibre fonctionnel même en l'absence de douleur, chez les patients signalant une sensation du membre fantôme. Selon les chercheurs, une meilleure compréhension des modifications des réseaux de neurones en réponse à l'amputation pourra ouvrir la voie au développement de nouvelles technologies et de nouveaux dispositifs permettant de traiter ce trouble et d'apporter à ces patients une meilleure qualité de vie.
Source: Scientific Reports 21 Feb, 2019 Lower limb amputees undergo long-distance plasticity in sensorimotor functional connectivity
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