Les recherches sur Internet liées à la santé doublent durant la semaine précédant une visite aux Urgences, révèle cette étude de la Penn Medicine. Les chercheurs qui ont examiné l'historique de recherche sur Google des patients participants, en relation avec leurs dossiers personnels de santé électroniques, montrent que ces patients ont pour réflexe de prendre eux-mêmes des informations, avant de prendre la décision de se rendre aux Urgences. La même démarche est également constatée à propos de leurs soins après leur sortie de l’hôpital. Des données qui engagent les organisations de santé à mieux anticiper ces besoins d’informations, à mieux informer, à mieux communiquer et mieux orienter les patients sur leur parcours de soins.
Entre 2016 et 2017, les chercheurs ont contacté des patients adultes dans un grand service d'urgence pour déterminer s'ils seraient disposés à partager leurs historiques de recherche Google et leurs dossiers de santé électroniques pour l'étude. Sur plus de 300 patients ayant déclaré avoir un compte Google, près de la moitié (49%) étaient disposés à partager l'accès à leurs historiques de recherche et à leurs dossiers médicaux avec l’équipe de recherche.
L’analyse révèle que :
- les recherches effectuées par ces patients sur Google, relatives à la santé, doublent chez ceux qui sont sur le point de se rendre aux Urgences,
- ces recherches concernent pour 50% d’entre elles des données cliniques liées au motif de leur future visite, les symptômes ou les maladies suspectées ; ces mêmes recherches sont souvent répétées à plusieurs reprises.
- 15% des recherches concernent tout simplement l'emplacement du service d'urgence ou d'autres informations pratiques ;
Ces recherches suggèrent également :
- des lacunes dans la communication des cliniciens avec leurs patients : un participant a d’abord cherché : « Quelle est la taille d’une noix ? », puis « Qu’est-ce qu’une tumeur fibreuse ? ». Les dossiers médicaux ont révélé que la patiente avait appris qu’elle souffrait d’une « tumeur fibreuse de la taille d’une noix ».
- la peur ou la gêne de poser la question au médecin ;
- un mauvais niveau de compréhension des explications données par le médecin.
Ces données, écrivent les auteurs, suggèrent de fournir davantage d’informations utiles aux patients au cours des rendez-vous et de mieux prendre en compte leurs préoccupations.
Ce que les moteurs de recherche et les médias sociaux nous apprennent : de précédentes études portant sur les médias sociaux ont donné des résultats prometteurs, comme, les termes utilisés qui peuvent prédire un diagnostic de dépression, ou le nombre de recherches sur un même thème, qui peut prédire le développement d’une épidémie. D’autres recherches révèlent des préoccupations en matière de santé que les patients sont parfois gênés d’évoquer avec leur médecin traitant.
Cette analyse des historiques de recherche de patients nous apprend un peu plus ce que les usagers de santé veulent savoir. L'étude montre également qu’environ la moitié des patients seraient disposés à partager leurs recherches sur Internet et à les combiner avec leurs dossiers médicaux personnels.
« Même si nous en sommes aux premières étapes de cette recherche, nous avons beaucoup appris sur les interrogations des patients avant de prendre la décision de se rendre à l’hôpital et à la sortie d’hospitalisation », commente l’auteur principal, Jeremy Asch, responsable de l’innovation en santé numérique au sein du Penn Medicine Center.
Source: BMJ Open Feb 2019, 9 (2) e024791; DOI: 10.1136/bmjopen-2018-024791 Google search histories of patients presenting to an emergency department: an observational study
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