Ce sanguin pourrait détecter de manière précoce la maladie d’Alzheimer mais plus largement la neurodégénérescence dans d'autres affections neurodégénératives telles que la sclérose en plaques, les lésions cérébrales traumatiques ou les accidents cérébrovasculaires passés jusque-là inaperçus. Développé par une équipe de l'Université de Washington, ce mode diagnostic est basé sur un nouveau paradigme : ce test ne détecte pas les protéines caractéristiques de la maladie d’Alzheimer (tau, bêta amyloïde) mais « la chaîne légère du neurofilament », une protéine structurelle qui fait partie du squelette interne des neurones. Et lorsque les neurones du cerveau sont endommagés ou mourants, la protéine s'échappe dans le liquide céphalo-rachidien qui baigne le cerveau et la moelle épinière, puis dans le sang. Un candidat documenté dans la revue Nature Medicine, présenté comme le test idéal et universel en clinique ou service de neurologie.
Ainsi, une simple analyse de sang permet de détecter de manière fiable les lésions cérébrales, chez des patients également à risque élevé de développer la maladie d'Alzheimer, et cela avant même que ces patients ne manifestent des signes de confusion et de perte de mémoire. Validé chez les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer, ce marqueur n'est pas spécifique à la maladie d'Alzheimer mais prédit de nombreuses maladies et blessures neurologiques.
Le test détecte la chaîne légère du neurofilament, une protéine structurelle faisant partie du squelette interne des neurones. La découverte de niveaux élevés de ces protéines dans le liquide céphalo-rachidien (LCR) suggère que certaines de ses cellules cérébrales ont été endommagées. Reste évidemment à recueillir ce fameux LCR. Ici, les chercheurs montrent que les niveaux de la protéine dans le sang reflétaient également les dommages neurologiques et valident cette équivalence chez un groupe de 400 patients présentant des variants génétiques rares responsables de la maladie d'Alzheimer au jeune âge.
- Chez ces patients porteurs du variant génétique défectueux, les taux de protéines sont plus élevés au départ et continuent à augmenter avec le temps ;
- ces taux sont détectables 16 ans avant l’apparition des premiers symptômes cognitifs ;
- les niveaux de chaine légère du neurofilament semblent donc un bon biomarqueur préclinique pour identifier les patients qui développeront des symptômes cliniques de la neurodégénérescence ;
- enfin, une analyse menée auprès de 39 patients présentant les variants causant la maladie, révèle que les taux sanguins de protéines coïncident bien avec la sévérité de l’atrophie cérébrale et la diminution des capacités cognitives.
A confirmer …Certes, ces données devront être confirmées chez des patients atteints de la forme plus courante d'Alzheimer, d'apparition tardive, et il s’agira de redéfinir la fenêtre au cours de laquelle les modifications des neurofilaments doivent être évaluées pour une prévisibilité clinique optimale. Mais la mesure des niveaux de protéine légère du neurofilament s’avère d’ores et déjà prometteuse : toutes sortes de dommages neurologiques peuvent induire des taux plus élevés de cette protéine dans le sang (démence à corps de Lewy, maladie de Huntington, sclérose en plaques, traumatismes crâniens,…)
Il reste donc un long chemin à parcourir avant de pouvoir utiliser ce test en routine : « Nous n'en sommes pas encore au point où nous pouvons dire : « Dans 5 ans, vous souffrirez de démence. ». Mais nous avançons tous dans ce sens. »
Source: Nature Medicine 21 January 2019 Serum neurofilament dynamics predicts neurodegeneration and clinical progression in presymptomatic Alzheimer’s disease
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