Ces travaux de l’Université de Californie – Irvine ouvrent la voie à un traitement anti-cicatriciel possible en montrant que le processus naturel de réparation de la peau, sans cicatrice, repose en partie sur l'aide des cellules sanguines en circulation. Des données présentées dans la revue Nature Communications qui apportent la preuve de concept d’une cicatrisation des plaies sans cicatrice par ciblage des propres cellules sanguines du corps.
Les lésions cutanées induisent le processus de cicatrisation des plaies, qui aboutit souvent à la formation de cicatrices. Contrairement à la peau normale, les cicatrices sont dépourvues de follicules pileux et de cellules adipeuses. Il est donc nécessaire de créer des follicules et de la graisse pour régénérer un équivalent de peau normale. En 2017, cette équipe californienne, exposait déjà, dans la revue Science, confirmait, via une étude sur la souris, que la formation de nouveaux follicules pileux et de nouvelles cellules adipeuses dans les plaies en voie de cicatrisation, permettait la régénération d’une peau d'apparence presque normale. Les nouvelles cellules graisseuses se régénéraient à partir de myofibroblastes, un type de fibroblastes que l'on ne pensait pas pouvoir convertir auparavant en d'autres types de cellules. Cette découverte a attiré l’attention sur ces fibroblastes de la plaie en tant que cibles prometteuses pour des thérapies anti-cicatricielles.
La nouvelle étude, menée avec des collègues de l'Université de Pennsylvanie, a cherché justement à caractériser davantage les fibroblastes de la plaie, à déterminer s'ils sont tous identiques et capables de régénérer de nouvelles cellules adipeuses. En utilisant un microscope informatique de nouvelle génération, les chercheurs ont été en mesure d’observer un degré inattendu de diversité des fibroblastes.
Les fibroblastes de la plaie sont très divers : les chercheurs observent ici jusqu'à 12 sous-types de cellules. Certains types préfèrent certaines zones de la plaie. Ces différents types jouent des rôles spécifiques à différents sites de la plaie mais aussi à différents stades du processus de cicatrisation. Un groupe important de cellules présente, notamment, les signes moléculaires « d’origine sanguine » : jusqu'à 13% de ces fibroblastes de la plaie sont en effet caractérisés, à un moment donné, comme des cellules sanguines qui se sont converties ensuite en fibroblastes produisant du collagène, mais dont les gènes résiduels spécifiques du sang sont toujours activés.
Des fibroblastes dérivés de cellules sanguines ont déjà été identifiés, lors de précédentes recherches, dans des cicatrices de plaie. Le nouveau constat de cette étude est que ces cellules sanguines responsables de la formation de fibroblastes, appelées « cellules myéloïdes », peuvent être reprogrammées en nouvelles cellules adipeuses. Pour que les plaies parviennent à une régénération sans cicatrice, le corps doit mobiliser de multiples ressources cellulaires, y compris ces progéniteurs sanguins.
Or il existe des techniques permettant de récolter et d'enrichir assez facilement les cellules myéloïdes, ce qui suggère qu’il pourrait être possible d’améliorer la capacité de « guérison » de la peau par l'administration de progéniteurs dérivés du sang, compétents pour la régénération sur le site de la plaie.
L’équipe a déjà développé une plateforme permettant de commencer à identifier de nouveaux sous-types de cellules qui améliorent la cicatrisation ou favorisent la réparation en vue d’une régénération cutanée sans cicatrice.
Source: Nature Communications 08 February 2019 Single-cell analysis reveals fibroblast heterogeneity and myeloid-derived adipocyte progenitors in murine skin wounds
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