Cette équipe de la Washington University décrypte les causes des démangeaisons et de notre réponse « par grattage ». C'est tout un processus pathologique dynamique appelé cycle démangeaison-grattage. Ces travaux, présentés dans la revue Trends in Immunology, confirment que se gratter entretient un cycle lésion, inflammation, réponse sensorielle qui ne peut finalement qu’exacerber la démangeaison.
La démangeaison chronique est une caractéristique de nombreux troubles cutanés, comme l'eczéma et le psoriasis, mais la cause de cette démangeaison qui nous pousse ensuite à nous gratter reste mal comprise. De précédentes études ont identifié une protéine, TRPV4, impliquée dans cette sensation : TRPV4 présente dans la couche supérieure de la peau jouerait donc un rôle clé dans le développement de la sensation de démangeaison et pourrait être une cible thérapeutique prometteuse pour traiter ce symptôme, y compris dans le cas de certaines maladies dermatologiques sévères. Mais cette recherche de l'Université de Washington apporte une nouvelle compréhension de la biologie du cycle des démangeaisons.
Une approche « intégrative » pour comprendre les démangeaisons : l'auteur principal, le Dr Brian Kim dermatologue et immunologiste à la faculté de médecine de l'Université explique que ce cycle démangeaisons-« grattage » engage l’ensemble du système immunitaire de notre corps et interagit également avec le comportement et l'environnement. Au départ et au cours de l’évolution, se gratter en réponse aux démangeaisons permettait sans doute d’éliminer les parasites, les toxines et les autres agents irritants de notre peau. Mais dans un trouble tel que l'eczéma, une maladie qui assèche la peau, l'irritation est constante. Gratter n’a plus d’effet bénéfique et au contraire, ne fait qu'exacerber les démangeaisons.
Se gratter est un réflexe toujours néfaste : le grattage entraîne une irritation de la peau qui endommage les cellules les plus externes de la peau et libère des protéines de signalisation, telles que des cytokines, qui activent les neurones sensoriels de la démangeaison dans la peau. Ces neurones produisent à leur tour des signaux qui déclenchent l'inflammation et, à nouveau, ce comportement de grattage. La démangeaison peut également être liée à la douleur, certaines voies sensorielles associées aux démangeaisons et à la douleur se chevauchant dans le système nerveux.
La voie des cytokines : De nombreuses équipes envisagent les cytokines comme cibles thérapeutiques. La cytokine IL-4 est à titre d'exemple, ciblée par certaines thérapies pour bloquer une voie neurale de démangeaison dans l'eczéma. Ces cytokines semblent ainsi des cibles prometteuses, soulignent les auteurs, mais, comme il existe de nombreuses formes de démangeaisons, de nombreuses causes et de nombreux cycles démangeaisons-grattage, d'autres recherches seront nécessaires pour préciser les meilleures cibles en fonction du type de démangeaison.
Source: Trends in Immunology Nov, 2018 The Itch-Scratch Cycle: A Neuroimmune Perspective (In Press) via Eurekalert (AAAS) 21-Nov-2018 The Center for the Study of Itch reviews what causes chronic itching and scratching (Visuel Mack et al./Trends in Immunology)
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