La consommation excessive d'alcool affecte les cerveaux masculins et féminins différemment, et précisément, chez les femmes, ce sont plutôt les gènes impliqués dans la signalisation hormonale et la fonction immunitaire qui sont altérés alors que chez les hommes, c’est l’expression des gènes liés à la signalisation nerveuse qui est la plus affectée. Ces conclusions présentées dans la revue Frontiers in Genetics ont des implications significatives pour le traitement des troubles liés à l'alcool, qui devrait être adapté spécifiquement aux hommes et aux femmes.
L’expression génique dans le noyau accumbens, la zone du cerveau impliquée dans la dépendance, est donc affectée différemment par la consommation excessive d’alcool chez les hommes et les femmes c’est-à-dire que l’alcool active des voies différentes chez chaque sexe, explique Deborah Finn, professeur de neuroscience à l'Oregon Health & Science University. Identifier les voies moléculaires et les réseaux pouvant être influencés par la consommation excessive répétée peut contribuer à développer de nouveaux traitements ciblés.
Les chercheurs étudient ici les réponses à l’alcool dans le cerveau de souris mâles et femelles en particulier en analysant l'expression génique dans le noyau accumbens. L'expression génique étant le processus par lequel les gènes sont activés pour produire des protéines destinées à être utilisées par la cellule. Ils analysent ainsi ainsi l’expression de 384 gènes déjà documentés comme impliqués dans la dépendance et les troubles de l'humeur. La recherche montre que :
- sur un total de 106 gènes régulés par la consommation excessive d’alcool, seuls 14 sont régulés à la fois chez les mâles et les femelles, et constituent ainsi des cibles communes ;
- cependant, seuls 4 de ces 14 gènes sont impactés par l’alcool de manière similaire dans les 2 sexes.
- la signalisation hormonale et la fonction immunitaire sont les voies principalement activées chez la femelle, alors que la signalisation nerveuse est la cible centrale de la consommation excessive d'alcool chez le mâle.
L’alcool impacte très différemment le cerveau des hommes et des femmes : ces résultats suggèrent que la consommation excessive d’alcool exerce en effet un effet très différent chez les hommes et les femmes, avec des voies biologiques différentes activées chez chaque sexe. Les chercheurs concluent que le traitement de la dépendance à l’alcool devrait donc être ciblé.
D’ailleurs, chez la souris, la manipulation pharmacologique d’une voie chez les animaux des deux sexes, qui n’apparaît affectée que par une consommation excessive chez les mâles, ne contribue pas à réduire pas la consommation excessive chez les femelles.
Source: Frontiers in Genetics 10 September 2018 DOI : 10.3389/fgene.2018.00325 Binge Ethanol Drinking Produces Sexually Divergent and Distinct Changes in Nucleus Accumbens Signaling Cascades and Pathways in Adult C57BL/6J Mice
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