Cette étude du NIH/National Institute of Environmental Health Sciences (NIEHS) non seulement confirme le poids de prédispositions génétiques (et de l’environnement de vie) dans le développement de l’asthme mais appelle à une approche de médecine de précision. La recherche suggère en effet que les sujets présentant des variations spécifiques de certains gènes, si exposés à la pollution de la circulation, présentent des symptômes d’asthme plus sévères que ceux qui ne présentent pas les mêmes variations génétiques. L’idée est donc bien d’identifier ces variations spécifiques pour mieux traiter.
Un profil génétique spécifique entraine ainsi des symptômes plus intenses suite à l’exposition à la pollution de la circulation. A contrario, montre également l’étude, les patients pourtant asthmatiques mais ne présentant pas ce profil génétique n’ont pas la même sensibilité à la pollution e ne vont pas développer des symptômes d'asthme aggravé. Ces scientifiques du NIEHS envisagent ainsi l’opportunité d’appliquer à la prise en charge la médecine de précision, un domaine émergent qui vise à prévenir et à traiter les maladies en fonction de facteurs spécifiques chez le patient.
Les résultats de sévérité des symptômes s’avèrent en effet basés sur la variation génétique ou des différences subtiles d'ADN qui rendent chaque patient unique. « Tous les humains ont les mêmes gènes, en d'autres termes les mêmes instructions de base, mais chez certaines personnes, une paire de bases d'ADN a été modifiée », explique l’auteur principal, le Dr Schurman du NIEHS. « Ce type commun de variation génétique appelé polymorphisme nucléotidique unique ou SNP peut modifier la façon dont les protéines sont fabriquées et rendre les individus plus ou moins vulnérables aux maladies ».
Les scientifiques ont examiné plus précisément 4 SNP impliqués dans une voie biochimique menant aux réponses inflammatoires dans le corps. Alors que ces SNP sont généralement étudiés un par un, ici les chercheurs ont regardé l’impact de différentes combinaisons de SNP, face à l'exposition à la pollution. Ces travaux ont ainsi porté sur 2.704 participants souffrant d'asthme répartis en 3 groupes :
- les hyper-répondeurs ou hyper-sensibles à la pollution atmosphérique et susceptibles de développer une inflammation,
- les hypo-répondeurs, ou insensibles à la pollution atmosphérique et moins susceptibles de développer une inflammation,
- les répondeurs modérés.
Lorsque l’équipe rapprochent les données « SNP » des données de niveaux de pollution atmosphérique autour des domiciles des participants, ils constatent que les hyper-répondeurs vivant à proximité de routes très fréquentées présentent les symptômes d'asthme les plus sévères, dont des difficultés respiratoires, des douleurs thoraciques, une toux et une respiration sifflante, vs les autres groupes.
Améliorer la qualité de vie des personnes asthmatiques : sur la base de ces recherches, il serait en effet possible de traiter de manière spécifique les hyper-répondeurs, exposés à la pollution de la circulation, avec une intervention de purification de l'air au domicile, par exemple. De manière plus théorique, l’étude souligne aussi l’importance des interactions gène-environnement dans la progression de la maladie.
Au-delà de l’asthme, c’est l’opportunité d’aborder la prévention et le traitement des maladies chroniques au niveau de chaque patient. L’idée est ainsi d’être plus efficace pour le patient mais aussi de réduire les dépenses de santé.
Source: Scientific Reports 23 August 2018 Toll-like Receptor 4 Pathway Polymorphisms Interact with Pollution to Influence Asthma Diagnosis and Severity (Visuel 2 NIEHS)
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