Aux Etats-Unis, les auteurs chiffrent à 250.000 le nombre de décès chaque année, causés par une erreur médicale. Leur recherche menée sur les causes de ces erreurs aboutit à une majorité d’erreurs « cognitives » de traitement de l'information et des données patients par le médecin. Un état des lieux, présenté dans la revue Diagnosis qui appelle à mettre en place de nouveaux protocoles, permettant de limiter ces erreurs diagnostiques.
Aux Etats-Unis toujours, le taux d'erreurs diagnostiques global est estimé à 10-15%. Beaucoup d'efforts ont été consacrés à l'amélioration des systèmes, tels que l'amélioration des protocoles de transferts de patients, de la continuité des soins et des traitements, les erreurs d’interprétation et de traitement des informations sont plus difficiles à prévenir. Il n’en reste pas moins que les services des urgences constituent un environnement clinique très différent de celui des autres services de l’hôpital, avec des interruptions fréquentes dans les soins et des informations sur les patients souvent incomplètes ou peu fiables. Cependant l’étude montre que les médecins et les internes, dans un service d'Urgence font des erreurs similaires à celles commises dans les autres services.
Cette étude apporte ainsi un résultat surprenant : les médecins des services d’urgence font le même type d’erreurs que les autres médecins, plus d’erreurs d’interprétation des données patients et donc d'erreurs de diagnostic, que d’erreurs liées à une information erronée ou incomplète sur le patient.
L’étude, d’une durée de 8 mois, s’est centrée sur les patients traités une première fois en service des Urgences, puis revus dans les 72 heures pour une seconde visite. La première étape pour réduire l’incidence des erreurs en service des Urgences est de comprendre les facteurs qui contribuent le plus fréquemment à l'erreur médicale. Un moyen pour pouvoir étudier des erreurs médicales possibles est de suivre des patients qui reviennent aux Urgences dans un délai très court. Dans cette étude, 52 cas d'erreur confirmée ont été identifiés et classés à l'aide d’un système de classification australien reconnu pour caractériser les erreurs médicales. Les causes qui ressortent de l’analyse sont les suivantes :
- Une interprétation erronée des données patients, par le médecin, correspond à l’erreur la plus fréquemment identifiée : 45% des cas,
- l’erreur de vérification d’un traitement, d’une donnée… : 31%,
- des données patients insuffisantes : 6%,
- une collecte d'informations incomplète ou erronée : 18%.
- Enfin, les patients souffrant de douleurs abdominales peuvent être particulièrement sujets à ces erreurs.
De précédents travaux de la même équipe avaient montré que la majorité des erreurs « cognitives » identifiées parmi les cas à risque élevé en service de médecine interne étaient des erreurs de synthèse (ou de traitement et de vérification de l'information) et que relativement peu d'erreurs étaient attribuables à des données insuffisantes ou erronées. Une autre étude a identifié l’histoire incomplète du patient et un examen physique insuffisant comme un facteur intervenant dans 42% des réclamations pour faute professionnelle.
Ces conclusions parfois discordantes méritent des recherches supplémentaires, concluent les chercheurs, pour identifier précisément les facteurs et éviter que ces erreurs se produisent bien sûr.
Source: Diagnosis 2018-07-17 | DOI: https://doi.org/10.1515/dx-2018-0011 Cognitive error in an academic emergency department
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