Ces cardiologues sont alarmés par la disparité des résultats de santé des femmes et des hommes victimes d’infarctus du myocarde. L’étude est ici menée dans les hôpitaux australiens mais elle concorde avec de nombreuses données de la littérature médicale, montrant un décalage entre la prise en charge des événements cardiaques chez les femmes et les hommes, avec des conséquences nettes en termes de réadmission et de décès. Des conclusions donc pas tout à fait nouvelles, présentées dans le Medical Journal of Australia qui doivent sensibiliser les cliniciens, comme les patientes, aux signes, symptômes et comorbidités bien spécifiques chez les femmes.
En effet, les différences, selon le sexe, dans la gestion et les résultats des patients avec des syndromes coronaires aigus tels que les STEMI ont été rapportés dans la littérature médicale, mais la plupart des études ne parviennent pas à des résultats bien ajustés avec les facteurs de confusion possible. Un infarctus du myocarde de type STEMI survient lorsqu'un dépôt graisseux sur une paroi artérielle provoque un blocage soudain et complet du sang vers le cœur, le privant d'oxygène et endommageant le muscle cardiaque. Un diagnostic de STEMI est généralement effectué par électrocardiogramme (ECG) qui révèle alors une signature révélatrice. Enfin, ce type de crises cardiaques peut provoquer une mort subite en raison d'une fibrillation ventriculaire (sévère perturbation du rythme cardiaque) ou d'une insuffisance cardiaque aiguë (lorsque le cœur ne peut pas pomper suffisamment de sang pour alimenter correctement le corps). Les infarctus de type STEMI représentent environ 20% pour cent de toutes les formes de crise cardiaque.
L’équipe de l’Université de Sydney constituée d'éminents spécialistes en cardiologie et de chercheurs de toute l'Australie a cherché à mieux comprendre cette différence de traitement, et de résultats chez les hommes et chez les femmes : l’équipe qui a suivi 2.898 patients (2.183 hommes et 715 femmes) victimes d’infarctus du myocarde aboutit à une différence considérable de résultats, 6 mois après l'hospitalisation, en termes non seulement de taux de mortalité mais aussi de complications cardiovasculaires sévères en particulier en cas d’élévation du segment ST (STEMI).
Cette étude qui a bien pris en compte tous les facteurs de confusion pouvant influer sur le traitement et les résultats de santé des patients hommes ou femmes victimes d’infarctus, apporte de nouvelles perspectives : « Nous nous sommes concentrés sur les patients atteints d'infarctus du myocarde avec élévation du segment ST, car la présentation clinique et le diagnostic de cette affection sont assez uniformes et les patients doivent suivre un parcours de soins standardisé », explique l’auteur principal, le Dr Clara Chow, cardiologue à l'hôpital Westmead.
Les raisons du sous-traitement et de la prise en charge insuffisante des femmes par rapport aux hommes -ici dans les hôpitaux australiens- ne sont pas claires, cependant ces experts émettent l’hypothèse que les femmes subissant un STEMI sont généralement plus à risque ou préfèrent évaluer subjectivement le risque plutôt que d'utiliser des outils de prévision du risque plus fiables et tardent peut-être plus à consulter. Mais, du point de vue des cliniciens, ces différences ne peuvent rester non expliquées.
Plus de recherches doivent être menées pour découvrir pourquoi les femmes souffrant de graves crises cardiaques sont sous-étudiées et sous-prises en charge par les services de santé et pour identifier de toute urgence des moyens de corriger ces disparités de traitement et de santé.
Source: Medical Journal of Australia 23 July 2018 doi: 10.5694/mja17.01109 Differences in management and outcomes for men and women with ST-elevation myocardial infarction
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