Le cancer de la prostate est le deuxième cancer le plus courant et la cinquième cause de décès par cancer chez les hommes, avec plus de 1,1 million de nouveaux cas diagnostiqués et 300.000 décès par an dans le monde. Son mode de détection de première ligne le test PSA est documenté comme responsable d’un taux non négligeable de faux positifs, de sur-biopsies et de surtraitements. Si certains cancers de la prostate sont agressifs, d’autres ne méritent même pas d’être traités car ils ne représentent aucune menace réelle pour la santé ou le vieillissement en bonne santé. Cette découverte d’une clé marqueur de la progression du cancer jusqu’au stade incurable est donc primordiale car elle ouvre la voie à un diagnostic plus précis de l’agressivité du cancer et peut faciliter la décision médicale. Des travaux présentés dans la revue Cell.
Des chercheurs de l'Université d'Oulu en Finlande identifient ici de nouveaux gènes et mécanismes pouvant expliquer comment un variant génomique dans un polymorphisme mononucléotidique (SNP) « rs11672691 » influence l'agressivité du cancer de la prostate. Des résultats qui suggèrent donc également un nouveau moyen d'améliorer l’évaluation des risques et le traitement clinique du cancer avancé de la prostate.
3 milliards de paires de bases dans le génome humain sont presque identiques entre deux individus. Néanmoins, une variation de la séquence du génome telle qu’un polymorphisme mononucléotidique peut se produire et entraîner des effets profonds sur le risque de différentes maladies, dont le cancer de la prostate. Ici, il s’agit bien de l’identification d’un variant génomique qui affecte l’agressivité du cancer de la prostate.
Le polymorphisme mononucléotidique (SNP) rs11672691 dans la région du chromosome 19q13 a déjà été documenté comme associé à un cancer de la prostate agressif, mais la façon dont ce variant génomique explique cette association restait incomprise. Par analyses génétiques, génomiques, moléculaires et bioinformatiques, l’équipe du Dr Gong-Hong Wei, avec des collaborateurs internationaux non seulement confirme l'association dans une grande cohorte de patients atteints de cancer de la prostate mais identifie la voie de régulation oncogénique parmi plusieurs nouveaux gènes, HOXA2, CEACAM21 et PCAT19, capable de provoquer la progression du cancer de la prostate jusqu’à un stade incurable. A l’issue de leur découverte, les chercheurs envisagent déjà l’utilisation de la technique d’édition du génome, CRISPR-Cas9 pour corriger le génotype rs11672691 qui peut influencer directement l'expression des gènes d’agressivité PCAT19 et CEACAM21, et donc le phénotype des cellules cancéreuses de la prostate.
Une opportunité pour améliorer le diagnostic et le traitement clinique : ces travaux montrent que des analyses combinées du génotype rs11672691 et de l'expression des gènes PCAT19 ou CEACAM21 permettent d’améliorer la précision du pronostic notamment en termes de progression du cancer. Ces découvertes devraient donc trouver des implications cliniques pour un traitement et des soins mieux personnalisés.
Enfin, ces nouveaux gènes et ces voies biologiques identifiés sont des cibles prometteuses pour le développement de nouveaux médicaments ou de nouvelles thérapies (d’édition du génome par ex.).
Source: Cell July 2018 DOI : 10.1016/j.cell.2018.06.003 Biology and Clinical Implications of the 19q13 Aggressive Prostate Cancer Susceptibility Locus
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