Le National Health Service (NHS) britannique et la British Association of Sexual Health alertent : la petite bactérie Mycoplasma genitalium (MG) pourrait devenir la prochaine « superbug ». Cette infection bactérienne sexuellement transmissible (IST) devient de plus en plus résistante aux antibiotiques. Et la bactérie qui envahit les cellules épithéliales des voies génitales et urinaires parfois aussi les cellules du rectum et des poumons, peut conduire à l'infertilité dans certains cas.
L'Association britannique a donc publié un projet de directive dans la crainte que faute d’intervention, MG développe une résistance aux antibiotiques et devienne de plus en plus difficile à traiter. Les données suggèrent que certains antibiotiques largement utilisés ne sont déjà plus efficaces. 3.000 femmes par an seraient touchées au Royaume-Uni et pourraient devenir infertiles si MG devenait résistante aux antibiotiques.
La bactérie Mycoplasma genitalium est la plus petite bactérie connue pouvant se répliquer. En laboratoire, elle va prendre des semaines ou des mois pour se développer et les humains peuvent rester infectés durant des années. On ignore le délai de développement de l’infection chez les humains après exposition à la bactérie.
Quel mode de transmission, quel risque ? L'infection se produit par contact génital-génital ou génital-rectal, donc principalement par des relations sexuelles non protégées. Le risque est moindre par sexe oral. L’infection est fréquemment combinée à d'autres IST dont à chlamydia. Les taux sont plus élevés chez les jeunes que chez les plus âgés. L’incidence est évaluée à 1 à 2% en population générale et entre 4% et 38% chez les patients qui consultent pour IST.
Quels symptômes ? L’infection à MG passe souvent inaperçue, car dans la plupart des cas, il n’y a aucun symptôme. Cependant, chez les femmes, les symptômes peuvent comprendre des pertes vaginales, une douleur pelvienne, un saignement après le rapport sexuel, des saignements entre les règles, et, chez les hommes, une douleur lors des mictions, une irritation du pénis et une douleur localisée.
Quelles complications ? L’ignorance fréquente de l’infection implique l’impossibilité d’estimer précisément le taux de complications. Chez les femmes, l'infection est associée à l’inflammation pelvienne, à des dommages aux trompes de Fallope et à des troubles de la fertilité, à l’arthrite déclenchée par infection, à l’accouchement prématurée, le risque de fausse couche et d mortinatalité. Chez les hommes, à l’arthrite déclenchée par infection et à une douleur et un gonflement des testicules en raison d’une épididymite.
Quel diagnostic ? L’infection à MG est diagnostiquée par simple test d'urine ou un frottis génital. Pour les hommes, par simple test d'urine prélevée le matin. Le diagnostic est évidemment recommandé chez les personnes présentant les symptômes évoqués plus haut ainsi que chez leurs partenaires sexuels. En revanche, il n'est pas recommandé de tester systématiquement les personnes sans symptômes, même en cas de diagnostic confirmé d'une autre ITS comme la chlamydia ou la gonorrhée. En effet, le surdiagnostic peut conduire à un traitement inutile, donc à un risque accru de résistance aux antibiotiques.
Quel traitement ? Il est conseillé en cas d’infection d'éviter les rapports sexuels durant 5 semaines après le début du traitement antibiotique (azithromycine, doxycycline ou moxifloxacine) et après nouveau test négatif.
Enfin, dans une déclaration connexe, les auteurs rappellent que l'utilisation d'un préservatif lors de tous les types de rapports sexuels reste la méthode la plus efficace pour prévenir l’infection à MG ainsi que la plupart des autres ITS.
Source : The British Association of Sexual Health and HIV July 2018 2018 BASHH UK national guideline for the management of infection with Mycoplasma genitalium (PDF, 379kb)
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