Cette étude de l’Université de Leeds confirme une prévalence significativement plus élevée de la maladie des gencives chez les personnes à risque de polyarthrite rhumatoïde et constate une abondance relative de bactéries parodontales chez les patients à risque. Les résultats, présentée au congrès européen annuel de rhumatologie (EULAR) soutiennent l'hypothèse que l'inflammation locale des muqueuses, comme les gencives ici, peut être le déclencheur d’auto-immunité systémique de l'arthrite rhumatoïde.
Il a été démontré que les anticorps associés à la polyarthrite rhumatoïde, tels que les anticorps anti-protéine citrullinée, sont présents bien avant les premiers signes de maladie articulaire, ce qui suggère qu'ils proviennent d'un site situé à l'extérieur des articulations, explique l’auteur de l’étude, le Dr Kulveer Mankia du Centre de recherche biomédicale de Leeds. L’étude est la première à décrire la maladie parodontale et l'abondance relative des bactéries parodontales chez ces patients à risque.
La polyarthrite rhumatoïde est une maladie inflammatoire chronique qui affecte les articulations, causant de la douleur et un handicap. La maladie peut également affecter les organes internes. La polyarthrite rhumatoïde est plus fréquente chez les personnes âgées, mais sa prévalence n’est pas négligeable chez les jeunes adultes, les adolescents et même les enfants. Enfin la polyarthrite touche plus fréquemment les femmes que les hommes.
L'étude est menée auprès de 48 sujets à risque, testés positifs pour les anticorps anti-protéine citrullinée, les symptômes musculo-squelettiques mais pas de synovite clinique, 26 patients atteints de polyarthrite rhumatoïde et 32 témoins en bonne santé. Les chercheurs, dentistes, ont examiné 6 sites par dent chez chaque participant.
La prévalence de la maladie des gencives est augmentée chez les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde, constatent l’analyse. La maladie des gencives pourrait être un initiateur clé de l'auto-immunité liée à la maladie. En effet, l'auto-immunité dans la polyarthrite rhumatoïde est caractérisée par une réponse anticorps aux protéines citrullinées et la bactérie orale Porphyromonas gingivalis (Pg) est le seul pathogène humain connu pour exprimer une enzyme capable de générer des protéines citrullinées.
- Ainsi, les chercheurs diagnostiquent une maladie des gencives chez un nombre significativement plus élevé de patients à risque (73%) que chez les témoins en bonne santé (38%).
- Le nombre de sites avec maladie parodontale est également plus élevé chez les patients à risque vs témoins.
Une concentration plus élevée de Pg et de l'Aa chez les individus à risque : les chercheurs ont mesuré les niveaux de 3 types de bactéries, Porphyromonas gingivalis (Pg),Aggregatibacter actinomycetemcomitans (Aa) et Filifactor Alocis (Fa). Les résultats montrent une augmentation de l'abondance de la Pg et de l'Aa chez les individus à risque. Cependant, chez les sujets à risque, seule la concentration de Pg est significativement augmentée dans les sites dentaires sains et s’avère associée à l'étendue globale de la maladie des gencives.
Sources:
- EULAR 2018; Amsterdam: Abstract OP0352 An increased prevalence of periodontal disease, Porphyromonas gingivalis and Aggregatibacter actinomycetemcomitans in anti-CCP positive individuals at-risk of inflammatory arthritis
- Nat Rev Rheumatol. 2017;13(10):606-620 The case for periodontitis in the pathogenesis of rheumatoid arthritis
- Annals of the Rheumatic Diseases. 2018 doi:10.1136/annrheumdis-2017-212565 Common language description of the term rheumatic and musculoskeletal diseases (RMDs)
- EULAR 10 things you should know about rheumatic diseases fact sheet
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