Malgré les efforts pour l'éradiquer, la syphilis est en hausse. En Europe également, depuis 2010, l'incidence de la syphilis augmente, en particulier chez les hommes. Jusqu'à présent, la plupart des agences de santé se concentraient sur le traitement des personnes infectées et de leurs partenaires sexuels, mais cette découverte d’une équipe de l’Université du Connecticut, à paraitre dans la revue mBio pourrait rendre possible le développement d’un vaccin.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) estime qu’environ 5,6 millions de personnes contractent la syphilis chaque année. Aux États-Unis, sa prévalence augmente aussi, et comme en Europe, en particulier chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH). La syphilis est souvent complexe à diagnostiquer car « elle peut ressembler à une hyperpigmentation ou à d'autres maladies », explique le Dr Juan C. Salazar, directeur du service Pédiatrie à l’UConn Health. Cette IST entraine de graves conséquences pour la santé : c’est la deuxième cause principale de mortinatalité et de fausse couche dans le monde et, si elle n'est pas traitée, elle peut provoquer des accidents vasculaires cérébraux, la démence et d'autres maladies neurologiques.
L’étude de la syphilis est complexe car, contrairement à de nombreuses autres bactéries, la bactérie responsable ne peut pas être cultivée en laboratoire ou chez la souris. Outre les humains, le seul animal sensible à la syphilis est le lapin. Cependant l’animal élimine rapidement les infections syphilitiques, donc la recherche sur le lapin implique d‘infecter régulièrement les animaux pour maintenir en vie des souches de Treponema pallidum. Ensuite, la bactérie ne survit pas aux opérations de préparation à l’observation sous microscope.
Ils identifient les protéines présentes sur la membrane externe de Treponema pallidum : le Dr Juan C. Salazar est originaire de Cali où la prévalence de la syphilis est très élevée ce qui a donné accès à l’équipe de recherche à un large échantillon de patients. Les chercheurs identifient ici des protéines extérieures présentes sur les bactéries et qui pourraient constituer des cibles vaccinales prometteuses. Ces protéines présentes à l'extérieur des bactéries sont essentielles car elles permettent à notre système immunitaire de repérer ainsi les envahisseurs pathogènes. Jusqu'à cette étude enfin, aucune équipe de recherche n’avait été capable de déterminer les protéines présentes sur la membrane externe de la bactérie Treponema pallidum. Les chercheurs ont regardé le code génétique de T. pallidum, dans l'espoir que les gènes de ses protéines extérieures ressembleraient aux gènes d'autres bactéries. D’autant que le code génétique de T. pallidum est de petite taille : il ne compte que 1.000 gènes environ. L’analyse de bactéries collectées chez des patients colombiens, californiens et tchèques montre que les souches de différents sites sont très similaires, ce qui est logique, remarquent les chercheurs, dans le cas d’un si petit code génétique.
Chercher les protéines cibles : « Qu'est-ce qui contrôle la vie et la mort de T. pallidum ? », se sont alors interrogé les chercheurs. Les gènes mutent pour éviter le système immunitaire et ces gènes mutants codent pour des protéines cibles. L’équipe observe alors que ces protéines prennent la forme caractéristique des protéines présentes sur les membranes externes des bactéries, une forme de « tonneau ». Et lorsque les chercheurs produisent eux-mêmes ces protéines cibles, elles adoptent bien cette forme de tonneau. Enfin, des anticorps développés par l’équipe pour ces protéines s'attachent bien à l'extérieur des bactéries intactes de T. pallidum.
Trouver des protéines cibles stables : Les protéines qui muent beaucoup sont-elles de bonnes cibles ? Non, les protéines qui muent beaucoup pour se cacher du système immunitaire ne sont pas de bons candidats pour un vaccin. La dernière étape du travail de l'équipe a donc consisté à remonter le code génétique de T. pallidum pour trouver les gènes codant pour des protéines de la membrane externe qui ne changent jamais.
Pour développer un vaccin, il faut la protéine de la membrane externe qui varie le moins. C’est fait et les chercheurs prévoient de les utiliser pour immuniser les lapins afin de prouver l’efficacité de leur candidat vaccin. Des tests seront également effectués avec des types de syphilis diversifiés.
Source: mBio (In Press) via Eurekalert (AAAS) 12-Jun-2018 Finally, hope for a syphilis vaccine
Plus sur la Syphilis
Laisser un commentaire