Un rapport hormonal masculin-féminin ou testostérone vs œstrogène (estradiol) plus élevé entraîne un risque de maladie cardiaque plus élevé aussi, chez les femmes ménopausées, relève cette étude de la the Johns Hopkins University (Baltimore), présentée dans le Journal of the American College of Cardiology (JACC). C’est l’un des facteurs permettant d’expliquer pourquoi, si le risque de maladie cardiovasculaire est beaucoup plus faible chez les femmes que chez les hommes jusqu'à environ l'âge de 50 ans, ce risque augmente considérablement après la ménopause.
De précédentes études ont déjà démontré que des taux plus élevés d'androgènes et plus faibles d'œstrogènes sont associés au risque de maladie cardiaque chez les femmes ménopausées mais avec parfois des résultats contradictoires, de sorte que la relation entre les hormones sexuelles et les événements cardiovasculaires chez les femmes ménopausées mérite d’être éclaircie.
L’analyse des données de l’étude multiethnique de l'athérosclérose (MESA : Multi-Ethnic Study of Atherosclerosis) avait pour objectif, donc, d’évaluer l'association entre les niveaux d'hormones sexuelles et les maladies cardiovasculaires incidentes sur un suivi de 12 ans chez 2.834 femmes post-ménopause exemptes de maladie cardiovasculaire au départ de l’étude. Les concentrations d'hormones sexuelles ont été mesurées en utilisant des échantillons de sérum sanguin prélevés à jeun. Tous les 9 à 12 mois, les participantes ou leurs proches ont été interrogés par téléphone au sujet des admissions à l'hôpital, des diagnostics et procédures cardiovasculaires ambulatoires et de décès éventuels. Les dossiers patients ont été obtenus pour 98% des cas hospitalisés de maladie cardiovasculaire et pour 95% des consultations externes. L’analyse montre que :
- un ratio testostérone / œstradiol plus élevé est associé à un risque élevé de maladie cardiovasculaire incidente, de maladie coronarienne et d'insuffisance cardiaque ;
- une augmentation de la concentration sérique de testostérone totale est associée à un risque accru de maladie coronarienne et de maladie cardiovasculaire ;
- un taux plus élevé d'œstradiol est en revanche, associé à un risque plus faible de coronaropathie ;
- les risques de maladie cardiovasculaire et de maladie coronarienne s’avèrent approximativement linéairement dépendants de la testostérone totale, la testostérone et le taux d'œstradiol, selon une relation en forme en « U » entre le rapport testostérone-œstradiol et l'insuffisance cardiaque, et avec, aux extrêmes, un risque plus élevé d'insuffisance cardiaque.
Niveaux d'hormones sexuelles et risque d’événements cardiovasculaires : si la corrélation a déjà été documentée, on n’a pas précisé la meilleure intervention permettant modifier les niveaux d'hormones sexuelles pour réduire les risques, commente le Dr Erin D. Michos, professeur agrégé de médecine à l'Université Johns Hopkins. Cependant, un profil avec hormone sexuelle mâle plus élevée peut permettre de détecter une femme à risque plus élevé de maladies cardiovasculaires. Il s’agit ensuite d’initier différentes stratégies de réduction des risques.
D’autres recherches seront nécessaires pour mieux comprendre les facteurs hormonaux complexes qui peuvent affecter les fonctions cellulaires et organiques impliquées dans le développement et la progression des maladies cardiovasculaires chez les femmes ménopausées.
Source: Journal of the American College of Cardiology 5 June 2018 DOI: 10.1016/j.jacc.2018.01.083 Sex Hormones and Incident Cardiovascular Disease in Post-Menopausal Women
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