Durant leur grossesse, 30 à 50 % des femmes enceintes souffrent de nausées et environ 2% de nausées et vomissements incoercibles pendant toute la durée de leur grossesse. Cette équipe de l’Université de Californie Los Angeles (UCLA) identifie 2 gènes qui jouent un rôle clé dans l'hyperémèse gravidique ou ces nausées et vomissements extrêmes pendant la grossesse. Cette découverte, documentée dans la revue Nature communications, suggère une nouvelle cible pour traiter cette condition qui peut entraîner la mort du bébé.
Les nausées matinales « extrêmes » et ces vomissements très invalidants peuvent se produire jusqu'à 50 fois par jour, avec une sensation de nausée constante, peuvent entraîner une déshydratation chronique et peuvent conduire à l’hospitalisation et l’interruption de la grossesse. De précédentes recherches ont montré que les nausées et les vomissements sévères pendant la grossesse se produisent souvent chez les femmes de mêmes familles, ce qui suggère un poids important de la génétique.
Ici, l'équipe californienne compare l'ADN de femmes enceintes exemptes de nausées avec celui de femmes enceintes souffrant d’hyperémèse gravidique (hyperemesis gravidarum) pour tenter d’identifier des gènes de susceptibilité. Les chercheurs montrent que la variation de l'ADN autour des gènes GDF15 et IGFBP7 est associée à ces nausées et vomissements extrêmes puis confirment ces résultats avec une autre étude menée également chez des femmes atteintes d'hyperémèse gravidique. Ces gènes, GDF15 et IGFBP7, sont documentés comme impliqués dans le développement du placenta et jouent également un rôle important dans la régulation précoce de la grossesse et de l'appétit.
Les hormones responsables ? S’il a longtemps été supposé que les hormones de grossesse, la gonadotrophine chorionique humaine ou l'œstrogène pouvaient être responsables de ces nausées et vomissements extrêmes, l’étude ne soutient pas cette hypothèse. Elle désigne ces 2 gènes, déjà liés à la cachexie (dont perte de poids et atrophie musculaire) qui entraîne le décès chez 20% des patients atteints de cancer et dont les symptômes sont proches de ceux de l'hyperémèse gravidique.
Des traitements efficaces ? Les médicaments actuels pour traiter la maladie sont en grande partie inefficaces et peuvent même entraîner des effets néfastes sévères sur la santé de la mère et du bébé. En confirmant l’implication de ces 2 gènes, avec une seconde étude de suivi, en montrant notamment que les niveaux de protéines GDF15 et IGFBP7 sont anormalement élevés chez les femmes souffrant d'hyperémèse gravidique, les chercheurs désignent une nouvelle cible thérapeutique.
Il s’agira en effet de trouver le moyen de modifier les niveaux de protéines GDF15 et IGFBP7, en toute sécurité, afin de minimiser les nausées et les vomissements pendant la grossesse.
C’est donc une nouvelle voie de recherche qui s’ouvre dans la prise en charge d’une condition pour laquelle il n’existe pas aujourd'hui de traitement efficace.
Source: Nature Communications 21 March 2018 doi:10.1038/s41467-018-03258-0 Placenta and appetite genes GDF15 and IGFBP7 are associated with hyperemesis gravidarum
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