Certains antidépresseurs et médicaments contre l’incontinence, les anticholinergiques, pourraient être liés à la démence suggère cette analyse de plus de 300.000 dossiers patients. Des données présentées dans le British Medical Journal qui suggèrent en effet des associations robustes entre les niveaux de certains antidépresseurs anticholinergiques, « anti-Parkinson » et traitements urologiques et le risque de démence jusqu'à 20 ans après l'exposition.
Ces médicaments bloquent un produit chimique, l’acétylcholine, qui peut affecter une grande partie des organes du corps. Ces anticholinergiques étant utilisés pour traiter de nombreuses conditions, souvent sans rapport, tels que la dépression, l'incontinence urinaire et la maladie de Parkinson, suspectés d’entraîner des problèmes de pensée et un risque de démence, cette étude internationale a vérifié l’association entre traitement anticholinergique et risque de démence.
Les chercheurs de l'Université d'East Anglia, d'Aberdeen, de Newcastle, de Cambridge au Royaume-Uni, du Royal College of Surgeons (Irlande) et des universités Purdue et Indiana (US) mènent cette large analyse des dossiers de 40.770 patients diagnostiqués avec la démence appariés pour l’âge et le sexe à 7 témoins, soit au total, 283.993 participants témoins. Les chercheurs pris en compte les traitements suivis dans les 4 à 20 ans avant le diagnostic de démence. L’analyse révèle que :
- les médicaments anticholinergiques sont liés à une augmentation d'environ 10% du risque de démence ;
- ce n’est néanmoins pas le cas de tous les médicaments anticholinergiques ;
- il s’agit principalement des antidépresseurs anticholinergiques, des médicaments pour traiter la maladie de Parkinson et l'incontinence urinaire ;
- aucun risque accru de démence n’est associé à la prise d’anticholinergiques pour des maladies cardiovasculaires ou gastro-intestinales.
Précisément,
- 35% des participants atteints de démence vs 30% des témoins avaient reçu au moins 1 médicament anticholinergique de classe 3 ;
- les participants atteints de démence présentent une probabilité accrue de 11% d'avoir pris un médicament anticholinergique de classe 3.
Ce type d'étude montre une association et non que les médicaments anticholinergiques provoquent la démence. De plus, elle aboutit à une association avec un risque de démence faible, en valeur absolue : ainsi, si environ 10 personnes sur 100 âgées de 65 à 70 ans vont développer une démence au cours des 15 prochaines années, le risque accru avec les anticholinergiques signifie que 1 à 3 personnes supplémentaires sur 100 pourraient souffrir de démence.
Cependant les auteurs appellent les médecins à faire preuve de prudence dans la prescription de ces médicaments et à prendre en compte ces conséquences possibles à long terme.
Source : BMJ April 25 2018 DOI : 10.1136/bmj.k1315 Anticholinergic drugs and risk of dementia: case-control study
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