Même une très brève exposition aux microparticules (PM2,5) de la pollution de l’air peut déclencher des infections pulmonaires chez l’enfant, conclut cette étude américaine, présentée dans l’American Journal of Respiratory and Critical Care Medicine. Ces particules polluantes dont le diamètre est d’environ 3% celui d’un cheveu humain pénètrent jusqu’aux voies respiratoires inférieures des jeunes enfants.
Les chercheurs de l’Intermountain Healthcare, de la Brigham Young University et de l’Université d’Utah, montrent comment -en Utah- une petite augmentation des niveaux de PM2,5 entraîne une augmentation simultanée des hospitalisations et des consultations chez le médecin pour ces infections pulmonaires.
L’étude a suivi 146.397 patients traités dans l’état d’Utah, pour infection respiratoire. Les niveaux de PM2,5 ont été estimés à partir des données des stations de surveillance de la qualité de l’air dans un district où résident environ 80% de la population de l’Utah. Des mesures ont également été effectuées dans les zones alentours. Les périodes d’élévation de PM2,5 à court terme ont été rapprochées des statistiques de consultations pour infections respiratoires. L’analyse confirme que
- l’incidence de l’infection respiratoire est associée aux niveaux MP2,5 chez les enfants et les adultes ;
- en particulier chez les nouveau-nés et les tout-petits âgés de moins de 2 ans et qui représentent 77% (soit 112.467) des patients vus en consultation pour ce motif.
Une explication des pics de bronchiolite : la bronchiolite, caractérisée par l’infection et l’obstruction des bronchioles par du mucus, est l’infection aiguë des voies respiratoires inférieures la plus courante chez les enfants. 50 à 90% des cas de bronchiolite sont causés par le virus respiratoire syncytial qui est la cause la plus fréquente d’hospitalisation au cours des 2 premières années de la vie. Ici, 64% des petits patients suivis ont reçu un diagnostic de bronchiolite.
2 à 3 semaines après le pic de particules fines, c’est le délai généralement constaté pour observer cette hausse d’incidence des hospitalisations ou des consultations pour infection respiratoire. Ici, 17 enfants âgés de 0 à 2 ans, 9 enfants âgés de 3 à 17 ans et 81 adultes (18 ans et plus) sont décédés dans les 30 jours suivant le diagnostic d’infection respiratoire. Cela représente donc un taux de décès proche de 1‰.
« Ainsi, le processus infectieux des maladies respiratoires peut être influencé par la pollution particulaire à différents niveaux », conclut l’auteur principal Benjamin Horne, directeur du Département Epidémiologie de l’Intermountain Medical Center de Salt Lake City. Une recherche plus approfondie devra préciser les voies biologiques précises associées à ce processus infectieux. « Dans de nombreux endroits où les concentrations moyennes de PM2,5 sont plus élevées, le niveau de PM2.5 ne varie pas autant que dans notre étude », précisent les auteurs. « Nous ne savons pas comment généraliser ces résultats aux zones d’exposition plus élevée à long terme à la pollution atmosphérique. Cependant, nous suggérons que l’exposition à long terme à la pollution de l’air est également liée à une prévalence plus élevée de ces infections respiratoires, bien que des études supplémentaires soient nécessaires pour confirmer cette hypothèse.
La pollution de l’air peut rendre le corps humain plus vulnérable à l’infection ou peut altérer la réponse immunitaire. Ensuite, les périodes d’augmentation aiguë des PM2.5 peuvent aussi conduire certaines personnes plus vulnérables, dont les jeunes enfants, à rester à l’intérieur plus souvent et en contact plus étroit avec d’autres personnes porteuses d’agents infectieux, ce qui peut également expliquer un taux de transmission plus élevé ».
Source: American Journal of Respiratory and Critical Care Medicine April 13, 2018 DOI: 10.1164/rccm.201709-1883OC Short-term Elevation of Fine Particulate Matter Air Pollution and Acute Lower Respiratory Infection
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