On sait bien que l'obésité est associée à un risque accru et de décès des cancers de l’ovaire, du foie, de la vésicule biliaire, du rein, côlon, pancréas, gastrique, œsophagien (adénocarcinome), endomètre, thyroïde, myélome et méningiome ainsi qu’à à la progression du cancer de la prostate. On sait aussi que des changements de mode de vie et en particulier de régime alimentaire peuvent contribuer à réduire l'incidence et la progression des cancers liés à l'obésité. Ces travaux, présentés dans le Journal of the Academy of Nutrition and Dietetics décyptent les processus sous-jacents à la relation obésité-cancer et soulignent l’importance de tester plus d’approches naturelles de prévention du cancer par l’alimentation.
On estime en effet aujourd’hui qu'un tiers des cas de cancer sont liés à des facteurs de risque alimentaires et autres facteurs de risque modifiables. De très nombreuses études suggèrent fortement que le cancer est associé au régime alimentaire et que l'obésité augmente non seulement le risque de nombreux types de cancer mais aussi de plusieurs maladies chroniques, dont le diabète de type 2, les maladies cardiovasculaires, l'hypertension et l'inflammation chronique. Pour les seuls Etats-Unis, l'American Cancer Society estime à plus de 1,7 million de nouveaux cas diagnostiqués l’incidence des cancers en 2018 avec environ 610.000 décès sur l’année. Ainsi, relèvent les auteurs, la prévalence de l'obésité aux États-Unis a triplé au cours des 50 dernières années.
Ces experts en nutrition de l’Université de Caroline du Nord à Chapel Hill examinent ici en profondeur la relation entre la nutrition, l'obésité, la prévention, le traitement et la survie au cancer, et identifient les lacunes à combler en matière de recherche. Leur analyse de la littérature livre également les principaux mécanismes qui sous-tendent ce lien obésité-cancer et évalue les interventions diététiques qui ont été évaluées par des essais précliniques et cliniques.
Parmi les conclusions saillantes relevées par cette large méta-analyse, on retient que,
- les perturbations métaboliques associées à l'obésité sont en train de devenir les principaux moteurs du développement des cancers liés à l'obésité, via des altérations de la signalisation des facteurs de croissance, de l'inflammation et de l'angiogenèse ;
- les interventions diététiques, telles que la restriction calorique, le jeûne intermittent, un régime pauvre en graisses et le régime cétogène ont la capacité d'inverser certaines de ces altérations associées à l'obésité et facteurs de développement de cancer, cependant d’autres recherches sont nécessaires pour valider ces différentes mesures de prévention.
La chirurgie de l’obésité permet-elle de réduire le risque de cancer ? L’exemple est pris de l’obésité et du risque accru de cancer du pancréas. Une équipe de l'UCLA a passé en revue les connaissances actuelles sur l'obésité et sa comorbidité, le diabète en tant que facteurs de risque de l'adénocarcinome canalaire du pancréas, l'une des formes de cancer du pancréas les plus mortelles. Cet examen met en évidence les facteurs de risque pour le développement et la progression de ce cancer ainsi que sa relation à l'alimentation. Cependant, dans cet exemple précis, il reste beaucoup de questions sans réponse dont les effets bénéfiques de la réduction de poids et de la chirurgie bariatrique sur la diminution de l'incidence de ce cancer. Cet examen pose ainsi la question suivante : la chirurgie de l’obésité permet-elle de réduire le risque des cancers liés à l’obésité ?
Un régime alimentaire à densité énergétique élevée induit-il un risque accru de cancer ? Alors que ce type de régime est associé au gain de poids, quelques études montrent en effet, qu’il est aussi associé à un risque plus élevé de tout cancer lié à l'obésité. Ce point reste à confirmer par d’autres études. D’autant que la densité énergétique du régime alimentaire est un facteur largement modifiable…
D'autres approches préventives du cancer ont été documentées dans la littérature. Comme le développement d’un petit potager « personnel » chez des survivants du cancer. Ce type d’initiative semble favoriser l’exercice, un régime alimentaire plus sain, une meilleure qualité de vie et donc une survie sans récidive et d'autres résultats positifs liés à la santé.
Enfin, au-delà de tester de nouvelles interventions contre l’obésité et en prévention du cancer, il reste aussi à dissiper les nombreuses incohérences de la littérature scientifique sur la prévention du cancer par le régime alimentaire ou la consommation spécifique de certains aliments ou nutriments. La tâche est immense mais rien ne vaut une mesure de prévention par le mode de vie, dont l’exercice et l’alimentation.
Source: Journal of the Academy of Nutrition and Dietetics Edition Spéciale April, 2018
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