C’est le cas en Angleterre du moins. Cette étude britannique révèle les niveaux substantiels de prescription inappropriée d'antibiotiques par les médecins généralistes. Des données présentées dans le Journal of Antimicrobial Chemotherapy qui suggèrent que 8,8% à 23,1% des prescriptions d’antibiotiques sont effectués dans des cas où les lignes directrices précisent que ces médicaments n’ont peu ou pas de bénéfice. Une nouvelle sensibilisation à l'un des principaux facteurs de l'émergence des antibiorésistances.
Les chercheurs du Public Health England, de l’Imperial College London et de l'Université de Groningen aux Pays-Bas ont analysé les bases de prescription des médecins généralistes en Angleterre sur la période 2013-15 et, plus précisément, les données de prescription des antibiotiques. Jusqu’à une prescription sur 5 pourrait être considérée comme inappropriée et le plus grand nombre de prescriptions inappropriées est constaté pour traiter le mal de gorge, la toux, la sinusite et les infections de l'oreille. Or les auteurs rappellent, encore une fois, que les antibiotiques ne sont pas recommandés pour les affections mineures comme la toux.
Les chercheurs ont identifié les prescriptions d'antibiotiques inappropriées en les rapprochant des directives cliniques de traitement, en comparant les prescriptions réelles aux proportions idéales telles qu’issues d'opinions d'experts et en identifiant les variations importantes de prescription. Au total, 3,7 millions d’ordonnances ont été analysées. De cette analyse, il ressort que :
- Dans un scenario conservateur, dans lequel le médecin « accorde le bénéfice du doute » à l’efficacité des antibiotiques, 8,8% des prescriptions sont estimées comme inappropriées ;
- Dans un scenario moins conservateur et respectueux à la lettre des lignes directrices, 23,1% des prescriptions sont considérées comme inappropriées.
- Les conditions qui « rassemblent » le plus de prescriptions inappropriées sont :
- le mal de gorge : 23,0% de toutes les prescriptions inappropriées
- la toux : 22,2%
- la sinusite : 7,6%
- l’infection de l'oreille ou otite moyenne aiguë : 5,7%
Une très large analyse qui confirme que la proportion de prescriptions inappropriées d’antibiotiques reste substantielle, en dépit des messages et des précédentes études de sensibilisation à l’émergence des antibiorésistances. Il est urgent de multiplier les efforts pour réduire la prescription inappropriée d'antibiotiques, tout autant que pour sensibiliser à l’observance de ces traitements.
Source : Journal of Antimicrobial Chemotherapy February 27 2018 DOI: 10.1093/jac/dkx500 Potential for reducing inappropriate antibiotic prescribing in English primary care
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