Ces scientifiques de l'Institute of Cancer Research et du Royal Marsden Hospital de Londres préconisent de développer des organoïdes de tumeur du patient pour pouvoir mieux prédire la réponse au traitement et offrir ainsi une thérapie parfaitement personnalisée. Leurs travaux présentés dans la revue Science, apportent la preuve de concept de réponses des mini-tumeurs suffisamment précises pour prédire quels traitements vont ou pas fonctionner. L'identification préalable des traitements les plus efficaces pourrait en effet permettre de gagner un temps précieux pour un meilleur pronostic pour ces patients atteints de cancer.
De précédentes recherches ont montré qu'il est possible de prélever des cellules sur des organes ou des tumeurs et de faire pousser en les cultivant, des « organoïdes », en laboratoire. Cependant, la plupart des études étaient basées sur la culture d'organoïdes à partir de cellules de cancer plutôt que de tumeurs métastasées. Du coup, les scientifiques ne pouvaient utiliser ces organoïdes pour tester les réponses au traitement. Cette étude avait 2 objectifs : examiner les organites issus de métastases du cancer de l'estomac ou de l'intestin et évaluer leur réponse à 55 médicaments déjà établis ou testés dans des essais cliniques. Enfin, les chercheurs ont comparé les réponses des organoïdes à la réponse réelle des patients aux essais cliniques.
L’étude a donc consisté à prélever des échantillons de tumeurs ou biopsies chez 71 patients atteints d'un cancer avancé de l'intestin ou de l’estomac propagé à d'autres zones du corps, déjà traités sans succès par plusieurs médicaments contre le cancer. Les chercheurs ont utilisé ces échantillons pour faire « pousser » des mini-répliques de tumeurs en laboratoire, puis ils ont testé différents autres médicaments.
Dans l'ensemble, ces travaux confirment que les réponses de ces mini-tumeurs aux traitements testés sont suffisamment précises, par rapport aux réponses réelles des patients, pour prédire quels traitements seront efficaces contre le cancer. En effet, il s'est avéré que les médicaments auxquels le patient n'avait pas répondu lors de l’essai clinique ne fonctionnaient pas non plus sur « l'organoïde tumoral du patient ». Cependant, les mêmes organoïdes se sont avérés moins fiables pour identifier les médicaments qui fonctionneraient : en moyenne, le patient répond à 88% des médicaments auxquels l'organoïde répond. Cela suggère qu'environ 1 traitement sur 10 efficaces sur l'organoïde ne va pas fonctionner chez le patient.
Cependant, la méthodologie est prometteuse et ouvre une toute nouvelle méthode de traitement personnalisé.
« Nos données suggèrent que les organoïdes dérivés de tumeurs de patients peuvent répliquer les réponses aux traitements des patients en pratique clinique et pourraient être de précieux outils pour une médecine personnalisée ».
Source: Science February 23 2018 DOI: 10.1126/science.aao2774 Patient-derived organoids model treatment response of metastatic gastrointestinal cancers
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