Est-il possible de développer des ovocytes humains à partir de tissu ovarien humain ? Cette équipe anglosaxonne rapporte pour la première fois cet exploit dans la revue Human Reproduction et parvient à obtenir des follicules matures au point de produire des ovules pleinement développés. Si ces travaux font imaginer à certains, de manière exagérée bien sûr, « un monde possible sans femmes », ils constituent incontestablement un pas important dans la recherche de la préservation de la fertilité, en particulier chez les jeunes filles et femmes ayant besoin d'un traitement contre le cancer.
A la naissance, les ovaires d'une femme contiennent tous les œufs qu'elle aura à vie. Ce sont des ovules non développés contenus dans les follicules ovariens immatures dit primordiaux. A chaque cycle ensuite, les hormones féminines font mûrir ces follicules et ovules. Ainsi, dès la puberté, certains de ces follicules au stade précoce sont influencés par les hormones, chaque mois, et vont se développer en plusieurs étapes en grands follicules matures. Les ovules primaires dans les follicules subissent une division cellulaire (méiose) pour devenir des ovules développés contenant la moitié du nombre de chromosomes nécessaires pour constituer un être humain (l'autre moitié vient du sperme). Les follicules matures libèrent ensuite l'ovule qui a mûri dans le système reproducteur. Cette équipe avait déjà développé en laboratoire un système de culture en 2 étapes qui permettait de développer des follicules primordiaux (stade précoce) en follicules secondaires. Ici, ils franchissent une 3è étape, jusqu’au stade de la méiose.
Les chercheurs de l’Université d’Edinbourg et du Center for Human Reproduction de New York ont regardé s’il était possible de « partir » du tissu ovarien comportant ces follicules primordiaux, et de terminer le processus de maturation en laboratoire. Les chercheurs ont obtenu du tissu ovarien de 10 femmes qui subissaient une césarienne. A partir de ces échantillons, ils ont préparé 160 minuscules fragments de tissu contenant des follicules primordiaux et les ont « cultivés » pendant 8 jours en présence d’hormone folliculo-stimulante, d'autres hormones et des acides aminés, et des antibiotiques. Les follicules développés au stade secondaire ont ensuite été transférés pendant 8 jours supplémentaires dans un milieu de culture « de second stade ». Ceux ayant atteint un certain diamètre ont ensuite été sélectionnés pour un développement de dernier stade (méiose in vitro). 385 follicules ont mis en culture, dont 80% encore au stade primordial. Chez 32 d’entre eux, les cellules de l'ovule avaient suffisamment grossi pour aborder le processus de division cellulaire en laboratoire. Le processus de méiose est finalement accompli démontré pour 9 de ces follicules.
Ces travaux apportent en effet la preuve de concept de cette maturation in vitro jusqu’au stade de la maturité et, et pour une partie des follicules, jusqu’au stade de production d’ovules complètement développés.
Cependant, s’ils marquent une étape indiscutable pour la préservation de la fertilité, ils ne montrent pas (encore) que les ovules ainsi obtenus étaient propres à la fécondation.
Source : Molecular Human Reproduction January 30 2018 DOI : 10.1093/molehr/gay002 Metaphase II oocytes from human unilaminar follicles grown in a multi-step culture system
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