Cette étude originale révèle qu’une exposition fréquente à l’eau de mer, du moins près des côtes britanniques, entraîne un risque multiplié de colonisation intestinale à E. coli résistante aux antibiotiques. Précisément, les chercheurs de l’Université d'Exeter, révèlent que 9% des surfeurs et des bodyboarders réguliers sont colonisés par ces bactéries résistantes, notamment à la Céfotaxime, un antibiotique couramment prescrit. Alors que les experts estiment que, si les tendances actuelles se poursuivent, les infections résistantes aux antimicrobiens pourraient tuer une personne toutes les 3 secondes d'ici 2050, cette étude, présentée dans la revue Environment International souligne le rôle clé de l'environnement dans la propagation des antibiorésistances et appelle les politiques à améliorer encore la qualité de l'eau au profit de la santé publique.
L'étude Beach Bums menée auprès de 300 participants dont 50% de surfeurs et de bodyboarders réguliers montre que ces derniers sont 3 fois plus susceptibles de présenter, dans leur microbiote intestinal, des bactéries E. coli résistants aux antibiotiques. Ces surfeurs avalent en moyenne 10 fois plus d'eau de mer que les nageurs, ce qui le rend plus vulnérables aux bactéries qui polluent l'eau de mer. Au-delà, l’étude met en lumière un type d’exposition dont on parle moins et, encore plus largement, le risque bactérien lié à la pollution des eaux.
L'étude révèle, précisément que :
- 9% des 143 surfeurs sont colonisés par ces bactéries résistantes à la céfotaxime vs 3% des témoins ;
- les surfeurs réguliers sont 4 fois plus susceptibles d’être colonisés par des bactéries qui contiennent des gènes de résistance transmissibles entre les bactéries ;
- l’incidence élevée d’E coli résistante chez les surfeurs s’explique par l’ingestion élevée d’eau de mer, soit dix fois plus importante que chez les nageurs.
Si, jusqu'à présent, les interventions pour résoudre le problème de l’antibiorésistance ont surtout porté sur la prescription et l'utilisation des antibiotiques, cette étude sensibilise au rôle de l'environnement dans la propagation de ces antibiorésistances. Ainsi, la pollution de l’environnement est à prendre en compte au même titre que les infections nosocomiales, la transmission interhumaine ou encore par voie alimentaire.
L’idée n’est pas de déconseiller la pratique des sports nautiques, mais de prendre des décisions fondées sur des preuves, afin d’améliorer la qualité de l'eau au profit de la santé publique, soulignent les chercheurs.
Source : Environment International 14, Jan 2018 DOI: 10.1016/j.envint.2017.11.003 Exposure to and colonisation by antibiotic-resistant E. coli in UK coastal water users: Environmental surveillance, exposure assessment, and epidemiological study (Beach Bum Survey) (Visuel Université d'Exeter)
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