CancerSEEK c’est son nom, un test sanguin, donc non invasif et capable de détecter, de manière précoce et avec 99% de spécificité, 8 types de cancers, parmi les plus courants. Développé par une équipe de la Johns Hopkins Medicine (Baltimore) ce test, basé lui-aussi sur les niveaux de 8 protéines cancéreuses et la présence de mutations de l'ADN circulant dans le sang est probablement à ce jour le plus abouti. Il pourrait, en principe, être effectué par les professionnels de santé en soins primaires, donc en ville, expliquent les chercheurs, dans leur communiqué. Des données, présentées dans la revue Science, qui offre l’espoir d’une détection précoce et élargie, et donc de meilleurs résultats pour les patients.
Le test, appelé CancerSEEK, évalue simultanément les marqueurs de 8 cancers qui représentent plus de 60% des décès par cancer ; 5 des cancers couverts par le test ne font actuellement l'objet d'aucun test de dépistage. L’auteur principal, le Dr Nickolas Papadopoulos, professeur d'oncologie et de pathologie explique que cette combinaison de biomarqueurs sélectionnés pour la détection précoce pourrait transformer le principe du dépistage du cancer, et sur le même principe que l’utilisation combinée de plusieurs médicaments pour leur traitement.
La détection des mutations de l'ADN des tumeurs circulant dans le sang est une piste poursuivie par de nombreuses équipe de recherche. Certaines de ces mutations peuvent être des marqueurs extrêmement spécifiques du cancer. Ici, les chercheurs se sont concentrés sur un panel réduit mais très représentatif capable de détecter au moins une mutation dans la grande majorité des cancers. C’est, bien évidemment, l’aboutissement de l’étude de plusieurs centaines de gènes et de 40 marqueurs protéiques, qui a permis finalement d’aboutir à ce panel restreint, soit 16 segments de gènes et 8 protéines.
- 99% de spécificité : une performance essentielle qui permet d’éliminer la quasi-totalité du risque de faux positifs qui entraînent pour les patients des tests de suivi invasifs inutiles, voire des surtraitements. Sur 812 témoins sains, CancerSEEK n'a produit que 7 résultats faussement positifs.
- 70 à 98% de sensibilité, selon le type de cancer : évalué chez 1.005 patients atteints de cancers non métastatiques de stade I à III, de l'ovaire, du foie, de l'estomac, du pancréas, de l'œsophage, du côlon, du poumon ou du sein, le test montre une sensibilité globale médiane -ou capacité à détecter un cancer-, de 70% et jusqu’à 98% pour le cancer de l'ovaire (mais un minimum de 33% pour le cancer du sein). Au-delà, le test montre une sensibilité élevée, soit de 69 à 98% pour 5 cancers ne disposant pas de tests de dépistage (cancers de l'ovaire, du foie, de l'estomac, du pancréas et de l'œsophage).
- 83% de précision sur le site de la tumeur : cette capacité, elle-même liée au panel de marqueurs utilisé en fait un test presque « généraliste » pour une détection primaire des cancers.
Un changement de paradigme dans la prise en charge des cancers, en travaillant à partir des stades précoces de la maladie plutôt que sur les cancers de phase terminale, qui jusque-là ne disposaient pas d’outil de détection précoce, c’est aujourd’hui la vision des auteurs, avec ce nouveau test.
Enfin, dernier avantage, CancerSEEK pourrait coûter moins cher que les autres tests de dépistage actuellement disponibles pour les cancers individuels, tels que la coloscopie. Soit moins de 500 $.
Source: Science 18 Jan 2018 DOI: 10.1126/science.aar3247 Detection and localization of surgically resectable cancers with a multi-analyte blood test
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