De nouvelles techniques de greffe de peau, avec follicules pileux et de nouvelles thérapies pour l'alopécie, l'acné et les cancers de la peau suivront peut-être cette performance scientifique d’une équipe de l’Université d'Indiana. En parvenant à développer une peau poilue en laboratoire, et précisément un « organoïde » de la peau, l’équipe démontre que des follicules pileux peuvent être générés à partir de cellules souches pluripotentes dans un système de culture cellulaire en 3D. Alors que la peau est un organe complexe à recréer complètement et à maintenir en culture à des fins de recherche, ces travaux, présentés dans les Cell Reports, marquent aussi une étape importante en médecine régénérative.
Les chercheurs de l'école de médecine de l'Université d'Indiana développent ici avec succès une méthode de croissance de la peau « velue » à partir de cellules souches pluripotentes de souris cultivées en laboratoire. Les chercheurs constatent que la peau et le tissu de l'oreille interne suivent le même processus de croissance : « Dans l'embryon en développement, l'oreille interne provient de la même couche de cellules que l'épiderme, il n'est donc pas surprenant que la peau et le tissu de l'oreille interne se forment en tandem », explique l’auteur principal, le Dr Koehler.
L’équipe montre comment les cellules de l'épiderme et du derme forment une grappe de cellules ressemblant à des sphères, appelée « organoïdes » de la peau. Les cellules des organoïdes de la peau sont organisées comme des cellules dans la peau normale, mais à l'envers, ce qui signifie que la couche supérieure de la peau fait face à l'intérieur de l'organoïde. L’équipe identifie ensuite les conditions de culture qui permettent à ces organoïdes cutanés de se développer en suivant d’ailleurs des stades similaires à la peau de l'embryon. Après environ 20 jours de culture de ces organoïdes, ils constatent l’apparition de follicules pileux qui sortent de ces organites dans toutes les directions. Enfin, l’équipe identifie les protéines dont l'expression régule le développement de la peau et des poils, ici chez l'embryon de souris. La technique s’avère enfin reproductible avec des cellules souches d'autres souches de souris.
Régénérer les principaux types de cellules épidermiques et dermiques : En plus de retrouver tous les principaux types de cellules épidermiques et dermiques, les chercheurs identifient dans leurs organoïdes des types cellulaires spécialisés, tels que les mélanocytes, les cellules de Merkel, les adipocytes, les cellules des glandes sébacées et les cellules souches des follicules pileux.
Ces travaux expérimentaux apportent la preuve de concept d’une régénération complète de la peau, from scratch, et à partir de cellules souches, cependant des défis techniques restent à surmonter pour que le modèle d'organoïde cutané puisse donner lieu au développement de médicaments. A ce stade, par exemple, les organoïdes ne sont pas dotés de cellules immunitaires, de vaisseaux sanguins et de terminaisons nerveuses …Ensuite, reste le problème de la forme, alors que ces organites se présentent à l'envers par rapport à la peau normale. Il s’agira donc de « renverser » leur structure. Mais certaines de leurs caractéristiques sont déjà prometteuses, comme leur durée de conservation d'environ un mois.
Ces organoïdes de souris donnent déjà lieu à de nouvelles recherches, à partir de cellules souches pluripotentes humaines cette fois, avec l’objectif -encore lointain- d’améliorer les techniques de greffe de peau et de développer des thérapies efficaces pour l'alopécie, l'acné et les cancers de la peau.
Source: Cell Reports Jan, 2018 DOI: 10.1016/j.celrep.2017.12.007 Hair Follicle Development in Mouse Pluripotent Stem Cell-Derived Skin Organoids
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