Des risques accrus de cancer du sein, de la peau et gastro-intestinal associés au travail de nuit, avec des incidences spécifiques pour les Infirmières, c’est le bilan alarmant de cette large revue de la littérature et de cette méta-analyse de 61 études. Ces nouvelles données, présentées dans Cancer Epidemiology, Biomarkers & Prevention, une revue de l'American Association for Cancer Research, élargissent ainsi le risque de cancers jusque-là majoritairement limité au cancer du sein, associé à ce décalage à long terme de l’horloge biologique, devraient alerter et inciter à un dépistage plus régulier chez ces femmes qui travaillent de nuit.
Le Dr Xuelei Ma, oncologue au Centre de biothérapie et de cancérologie de l'Université du Sichuan (Chine) rappelle les nombreuses études ayant ainsi déjà pointé le risque accru de cancer du sein, le cancer le plus diagnostiqué chez les femmes dans le monde, chez les « travailleuses » de nuit. Son analyse du risque de cancers associé au travail de nuit à long terme chez les femmes porte ici sur une douzaine de types de cancer.
Précisément, il s’agit d’une méta-analyse des données de 61 études portant sur 114.628 cas de cancer et près de 4 millions de participants d'Amérique du Nord, d'Europe, d'Australie et d'Asie. Ces études comprenaient 26 études de cohorte, 24 études cas-témoins et 11 études cas-témoins de niche. Une sous-analyse qui portait spécifiquement sur le travail de nuit à long terme chez les infirmières et le risque de 6 types de cancer a également été effectuée. L’analyse élargit le spectre des cancers dont l’incidence peut être augmentée avec le travail de nuit :
Dans l'ensemble, le travail de nuit à long terme chez les femmes, vs les femmes qui ne travaillent pas de nuit, accroît le risque,
- de cancer, tous cancers confondus, de 19% ;
- de cancer de la peau de 41% ;
- de cancer du sein de 32% : ce risque accru de cancer du sein ne vaut que pour les femmes d’Amérique du Nord et d’Europe. Les auteurs suggèrent des niveaux d'hormones sexuelles plus élevés chez ces femmes, positivement associés aux cancers hormonaux tels que le cancer du sein.
- de cancer gastro-intestinal de 18%.
Chez les infirmières, le travail de nuit à long terme accroît le risque,
- de cancer du sein de 58% ;
- de cancer gastro-intestinal de 35% ;
- de cancer des poumons de 28%.
De toutes les professions analysées, ce sont les infirmières qui présentent le risque le plus élevé de développer un cancer du sein (lorsqu’elles travaillent par quart de nuit). Les auteurs suggèrent l’intervention d’autres facteurs de risque, dont des exigences professionnelles élevées des soins infirmiers de nuit.
Une association dose-dépendante : une analyse annexe portant spécifiquement sur le risque de cancer du sein associé au travail de nuit constate que le risque augmente de 3,3% pour chaque « tranche » de 5 ans de travail de nuit.
En conclusion, cette analyse systématique confirme que le travail de nuit est positivement associé à plusieurs cancers courants chez les femmes et appelle, de toute urgence à développer des interventions de prévention et de surveillance pour ces femmes qui travaillent de nuit :
« Les femmes qui travaillent de nuit sur une longue durée devraient bénéficier d’examens physiques réguliers et de dépistages du cancer », concluent les chercheurs dans leur communiqué.
Source: Cancer Epidemiology, Biomarkers & Prevention January 2018 DOI: 10.1158/1055-9965.EPI-17-0221 Night Shift Work Increases the Risks of Multiple Primary Cancers in Women: A Systematic Review and Meta-analysis of 61 Articles
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