Lettre ouverte à l’attention de,
Thierry LAZARO
Député de la sixième circonscription du Nord
Objet : Votre prise de position sur la vente des cigarettes électroniques.
Monsieur le député,
L’AIDUCE a pris connaissance d’un reportage de BFM TV qui informe de votre volonté de déposer un projet de loi visant à réserver la vente de cigarettes électroniques aux buralistes. Si ce projet de loi n’était pas adopté, vous demanderiez d’interdire la vente de ces produits aux mineurs et d’éviter ou interdire leur publicité.
En effet, vous déplorez que des magasins de cigarette électronique puissent ouvrir à côté de buralistes et vendre aux mineurs ou offrir à la vue des passants des publicités « pétillantes et pétulantes » alors que les buralistes ne le peuvent pas.
Monsieur le député, permettez-nous de recadrer le débat et de le remettre à sa juste place. Selon les statistiques officielles, le tabac est responsable chaque année de la mort de dizaines de milliers de personnes en France. Plus de 60.000 décès en 2012 et 5 millions dans le monde. A ce jour, selon nos sources, aucun cas de décès n’est imputable aux cigarettes électroniques. Au vu de ce constat, il n’est donc pas anormal que le même traitement ne soit pas forcément appliqué à un produit dont le milieu médical constate chaque jour les méfaits et un autre produit, sur lequel on peut certes émettre des réserves, mais qui, preuve du contraire, ne pourra jamais se prévaloir du macabre palmarès que l’on prête au tabac.
Suggérer que réserver la vente de vaporisateurs électroniques aux seuls buralistes permettrait de ne pas impacter les mineurs est une idée qui va faire rire dans les chaumières. Nous sommes nombreux à avoir pu acheter sans difficulté majeure des paquets de cigarettes alors que nous étions encore mineurs. Certains buralistes ne semblent donc pas avoir de scrupules à vendre à des mineurs. Nous ne nous permettrons pas d’incriminer l’ensemble de la profession, mais le constat est sans appel: tous ne respectent pas la loi de la République.
Aussi, nous condamnons avec la plus extrême fermeté vos propos insinuant que le seul fait de réserver la vente de cigarettes électroniques aux buralistes serait la solution idéale pour éloigner les mineurs. Vous ne faites là, Monsieur le Député, que flatter une profession qui s’inquiète d’une potentielle perte de leur chiffre d’affaire.
Nous souhaitons aussi vous rappeler que le secteur de la cigarette électronique est un secteur proposant des dizaines, voire des centaines de produits, de liquides, de consommables. Le marché est aussi en constante évolution. Proposer le produit adapté au profil d’un fumeur est donc complexe et demande un savoir-faire particulier. Surtout si le client potentiel pousse la porte d’une boutique sans rien connaître. Il exige donc des professionnels qui connaissent le produit et qui savent conseiller, écouter, s’adapter.
De plus, nous vous rappelons, Monsieur le Député, que les buralistes peuvent déjà vendre des cigarettes électroniques. D’ailleurs, certains tentent de s’implanter sur ce marché. L’AIDUCE n’est pas contre le fait que les buralistes proposent ce genre de produits. Mais, si les buralistes se font rudement concurrencer sur ce créneau par des magasins spécialisés ou des sites sur internet, l’explication est peut être à chercher du côté du manque de conseils prodigués par les buralistes, de leur méconnaissance totale du produit, du manque de choix proposé.
Si les buralistes ne savent pas s’adapter à ce nouveau marché et cette nouvelle concurrence, c’est leur problème. Nous irons même plus loin : il serait scandaleux de leur réserver le monopole de la vente d’un produit qu’ils ne connaissent bien souvent pas pour les aider à remplir leur tiroir-caisse. Scandaleux et contraire au principe de libre concurrence. Qui plus est, en ces temps de crise économique, vous condamneriez des centaines, voire des milliers d’emplois déjà créés, pour faire plaisir à une catégorie de professionnels arc-boutés sur leurs privilèges. Il faut oser, Monsieur le Député, renvoyer au pôle emploi des milliers de personnes qui se sont lancées en premier sur ce créneau, ont contribué au succès de ce produit, quoi qu’on en pense, mais dont le seul tort est de ne pas être buralistes.
Enfin, l’AIDUCE défend la position que la cigarette électronique n’est ni un produit de tabac, puisqu’elle n’en contient pas, ni un médicament, puisqu’elle ne soigne rien. Aussi, comme les liquides ne sont pas assimilables à du tabac, il n’y a pas lieu de réserver la vente aux seuls buralistes.
L’enjeu de la cigarette électronique, Monsieur le Député, n’est pas de savoir qui va bien pouvoir remplir son tiroir-caisse, mais bel et bien de savoir si la cigarette électronique est un espoir pour des milliers, voire des millions de fumeurs, et si cet objet peut les aider à combattre les méfaits les plus dramatiques et les plus mortifères du tabac. En tant que représentant du peuple, Monsieur le Député, il nous semble que ce sont là les seules questions que vous devez vous poser.
En attendant de pouvoir répondre définitivement à ces questions relatives à la santé qui sont majeures à nos yeux, nous, utilisateurs de vaporisateurs électroniques, réclamons avec fermeté de pouvoir continuer à avoir accès à l’ensemble des produits proposés par les fabricants et de pouvoir faire le choix qui nous convient. Nous souhaitons avoir affaire à des professionnels qui connaissent les produits qu’ils vendent et savent conseiller leurs clients, quitte à discuter d’une protection des mineurs.
Nous, utilisateurs de vaporisateurs électroniques, qui voulons rompre avec la tabagie, nous souhaitons en toute logique ne pas être condamnés à nous rendre dans des bureaux de tabac avec qui, sauf votre respect, certains d’entre nous ne souhaitent clairement plus avoir affaire.
C’est notre volonté de citoyens libres et responsables dans un pays libre.
Nous restons à votre disposition pour tout renseignement complémentaire.
Veuillez agréer, Monsieur le Député, l’expression de nos salutations distinguées.
Pour l’AIDUCE,
Brice LEPOUTRE
Président-fondateur
QUI SOMMES-NOUS ?
Nous sommes des utilisateurs de la cigarette électronique et nous avons décidé de nous réunir au sein d’une association : l’Association Indépendante des Utilisateurs de la Cigarette Électronique (AIDUCE).
Pendant des années, nous avons entendu et lu des centaines de propos et d’avis sur cet outil que nous utilisons : des médecins, des professeurs, des organisations et agences nationales ou internationales (OMS, ANSM, etc.), des vendeurs ont disserté sur l’utilisation des cigarettes électroniques. Le plus souvent, nous avons vu et lu des préjugés, des assertions plus ou moins justes. Nous avons vu et lu des experts s’interroger gravement pour savoir s’il fallait interdire ou autoriser la cigarette électronique, si elle devait être considérée comme un produit de tabac ou un médicament, une hérésie ou une aide intéressante pour celles et ceux qui ne souhaitent plus consommer de tabac. Aujourd’hui encore, le débat fait rage jusque dans les couloirs de l’Union Européenne.
Or, qui mieux que les utilisateurs de la cigarette électronique peut parler des utilisateurs de cigarette électronique ? Qui mieux que nous peut dire ce que nous vivons au quotidien ?
Nous sommes des utilisateurs satisfaits de notre choix. Cependant, nous ne sommes ni des activistes ni des lobbyistes. Nous ne souhaitons pas convaincre les fumeurs de nous rejoindre. Ni attirer des non-fumeurs. Encore moins s’ils sont mineurs. Nous souhaitons juste témoigner de ce que nous sommes, nous qui sommes des centaines de milliers, partager notre expérience et réclamer notre liberté d’user de la cigarette électronique tant que nous ne dérangeons personne et que nous ne sommes pas un danger pour autrui.
Il n’y a pas si longtemps pour certains d’entre nous, nous consommions un produit reconnu comme excessivement dangereux, contenant des dizaines de substances toxiques ou cancérigènes, tuant sans vergogne des dizaines de milliers de personnes chaque année. Nous étions les victimes consentantes d’un fléau planétaire. Certains d’entre nous ont tenté d’arrêter le tabac à de nombreuses reprises, même par les méthodes de sevrage tabagique tant vantées, mais sans succès. Certains d’entre nous pensaient ne jamais pouvoir arrêter le tabac.
Or, nous l’avons fait.
La plupart d’entre nous nous sentons bien mieux depuis que nous avons pris cette décision. Nous utilisons un produit contenant cent fois moins de substances dangereuses que le tabac : pas de goudron, de monoxyde de carbone, d’ammoniac ou d’arsenic, mille fois moins de nitrosamines. Devons-nous être blâmés pour cela ?
Ni médicament, puisqu’elle est aussi source de plaisir, ni produit de tabac, puisqu’elle n’en contient pas, la cigarette électronique est notre actualité. Notre présent. Elle peut être aussi un avenir pour des milliers voire des millions de fumeurs à travers le monde qui pourront disposer d’un palliatif nettement moins toxique que la cigarette traditionnelle. Nous souhaitons juste qu’elle ne soit pas vilipendée car elle ne rentre pas dans les schémas de pensée classiques, voire interdite parce qu’elle dérange.
Faut-il rappeler que consommer de la nicotine, même sous forme de liquide, n’est pas un crime et ne fait pas de nous des délinquants, ou alors que dire des fumeurs de cigarettes traditionnelles ?
Nous souhaitons donc défendre notre liberté de consommateurs responsables. Nous nous fédérons afin de pouvoir diffuser de manière efficace l’ensemble des savoirs et des connaissances que la communauté des vapoteurs accumule depuis des années (études scientifiques, expériences personnelles) et ce dans le but de développer une information aussi complète et objective que possible concernant les objets et les produits que nous utilisons quotidiennement. Nous souhaitons aussi que des études scientifiques neutres et conséquentes soient menées sur l’éventuelle toxicité des composants présents dans la vapeur. Nous souhaitons être informés sérieusement sur les produits et les liquides que nous utilisons, afin de prendre nos dispositions le cas échéant.
Enfin, nous nous réclamons comme indépendants. Ce n’est pas juste un mot, ni une figure de style propre à amadouer les plus naïfs. Nous ne sommes pas dupes : la cigarette électronique peut devenir un enjeu financier susceptible d’attirer la convoitise des entrepreneurs, peut-être un jour des laboratoires pharmaceutiques ou des cigarettiers voyant leurs clients quitter leur giron. Nous souhaitons véritablement ne pas être associés à ces batailles de marché ou de pré carré. Car, au-delà de toutes considérations économiques, politiques ou philosophiques, c’est la santé de centaines de milliers de personnes qui est en jeu. C’est de notre santé dont il est question.
Source : Association Indépendante des Utilisateurs de Cigarette Électronique
Contact : AIDUCE 28 rue Colbert – 91560 CROSNE contact@aiduce.fr
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